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La Maîtresse des Epices de Chitra Banerjee Divakaruni


Tilo, diminutif Tilottama, l'essence de til, le sésame brun doré, la pourvoyeuse de vie, celle qui rend santé et espoir est Maîtresse des Épices. Le statut de Maîtresse des Épices n'est pas un titre obtenue lors d'une simple formation ayant pignon sur rue. Un seul lieu mystérieux : une île, un seul Maître : la Vieille, des milliers de filles sont recalées et seulement quelques privilégiés obtiennent ce statut après un long apprentissage. Les épices sont à manier avec précaution, elles ont leur caractère, avant son utilisation la Maîtresse doit leur demander leur avis et doit réciter des incantations, ... Invoquées à mauvais escient, elles peuvent détruire et les conséquences peuvent être dramatiques. Une Maîtresse des Épices connait tous les secrets des épices, elle doit détecter et connaître la douleur de l'autre, elle doit oublier ses propres passions, ses mains ne doivent pas laisser échapper les épices et les charmes, ... Il est interdit de déroger aux règles : aimer, toucher un autre humain, sortir de sa boutique, avoir ses propres sentiments, se regarder ... Une Maîtresse rebelle et complaisante manquant à son devoir devra être rappelé sur l'Île à travers le brasier de Shampâti (le même par lequel la Maîtresse est venue) et se seront les épices qui choisiront de son nouveau destin. Après avoir passé du temps sur l'Île, chacune des nouvelles Maîtresses peut choisir, doit choisir, un lieu où vit une communauté indienne à travers le monde où elle pourra exercer l'enseignement acquis par la Vieille et ainsi aider les autres. Un choix à vie, sous l'apparence d'une dame d'un âge avancé, un lieu vers lequel l'attirait sa nature. Malgré le large choix proposé, Tilo choisit Oakland en Californie mais la Vieille a un pressentiment et lui demande de bien réfléchir à son choix. En effet, Tilo n'est pas une maîtresse pas comme les autres, elle a un caractère bien trempé et un pouvoir si puissant qu'il a tué sa famille. Après avoir traversé le brasier de Shampâti, Tilo se retrouve dans son épicerie où elle exercera son rôle d'épicière d'épices mais également d'apothicaire, de thérapeute et de guérisseuse. Elle regarde ses clients, leur comportement, leur mimique, leurs pensées, leur coeur. Elle peut voir leur passé, leur présent et même leur futur. Certains s'adresseront à elle, comme pour se confier et elle leur offrira une décoction ou une épice pour les soulager. De temps en temps, elle n'hésitera pas à glisser une épice pour aider une personne dont elle sent sa difficulté. Mais Tilo dépassera les limites qui lui étaient fixées, ressentira et fera sienne certaines détresses mais pire elle dépassera les frontières de son épicerie et sortira dans cette Amérique inconnue et dangereuse. Elle ouvrira son coeur à un américain du nom de Raven, qui lui confira ses plus lourds secrets et aura des sentiments interdits envers lui. ~~~~~~ Un roman ? Une conte ? Une fable ? Je ne sais décrire quel type est ce livre. Il nous plonge dans une culture indienne mystique, où se mêle la magie des épices et ses pouvoirs, mais également mythologique par ses personnages sorties tout droit des écrits ancestraux indiens. Dans mon résumé, je raconte la vie de Tilo, mais en faite le livre tourne autour de son épicerie, ses épices et ses clients. C'est au détour d'eux qu'elle se livre, que le lecteur découvrira son passé, ses sentiments, ses peurs, ... Mais dans ce livre, le lecteur trouvera également la difficulté que rencontre certains émigrés dans cette Amérique où le racisme est présent et blesse quelques fois. Des blessures impossibles à guérir, des jeunes s'éloignant de leurs origines pour se confondre à la masse, ... Dans cette même Amérique, des amours naissent et meurent. Naissent entre deux personnes de la même communauté ou entre deux communautés "étrangères" plus difficile à faire accepter à ses proches. Meurent lorsque l'homme devient violent et lorsque l'amour est impossible ou lorsque la jeune génération tourne le dos à leur origine. Un fabuleux voyage où les épices prennent vie, où le lecteur peut les toucher et les humer, connaître quelques uns de leurs secrets. Mais surtout un fabuleux voyage dans un conte moderne où l'amour essayera d'être plus fort que les règles et les obligations.

Mais les épices vraiment puissantes viennent de mon pays natal, pays de poésie ardente et d'oiseaux aux plumages bleu outremer. De crépuscules d'un rouge sang éclatant. C'est avec celles-là que je travaille.
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Mais elles reviendront plus tard. Quand le soir sera tombé. Elles cogneront à la porte fermée de la boutique qui conserve l'odeur de leurs désirs, et demanderont. Je les emmènerai dans la chambre intérieure, celle qui n'a pas de fenêtres, où je range les épices les plus pures, celles que j'ai cueillies sur l'île pour les cas particuliers. J'allumerai la bougie que je garde toujours prête et fouillerai l'obscurité striée de suie à la recherche de la racine de lotus et de methi en poudre, de la pâte de de fenouil et d’assa-fœtida séchée au soleil. Je psalmodierai. J'administrerai. Je prierai pour chasser sa tristesse et la souffrance comme la Vieille me l'a enseigné. Je donnerai des conseils de prudence.
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Je n'aurais pas dû le laisser faire. Mais comment me retirer ... Toutes ces choses contre lesquelles vous m'avez mise en garde, Première Mère, je les désirais. Ses lèvres reconnaissantes, innocentes et ardentes au creux de ma paume, ses chagrins miroitant comme des lucioles posées sur mes cheveux.
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J'inspire profondément, puis retiens l'air dans mes poumons comme elle nous l'a enseigné sur l'île, jusqu'à ce que le son de mon souffle chasse tout autre bruit de mon esprit. Jusqu'à ce qu'à travers la brume rouge, un nom se présente à moi. Fenouil, l'épice des mercredis, le jour du milieu, jour de l'âge mûr. Tailles qui ont lâché, bouches tombantes sous le poids de vies médiocres qu'ils avaient autrefois rêvées si différentes. Fenouil, couleur de boue et d'écorce, brun comme la feuille dansant dans une brise d'automne, odeur de changement à venir.
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Le temps passe, passe. Le soleil se lève, couleur de curcuma, puis s'effondre dans un éclaboussement vermillon de sindur. Sur les arbres nu dehors, les oiseaux au bec de fenouil jettent des cris de détresse. Le ciel est si bas que les nuages noirs comme le cumin noir grattent le haut d'une tour que j'ai autrefois visitée au centre de la ville.
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Laisse-le explorer la terre que tu es, montagne, lac et ville. Laisse-le creuser des routes là où personne avant lui ne s'est aventuré. Laisse-le entrer finalement là où tu es la plus profonde et la plus inconnue, vignes touffues, cri du jaguar odeur enivrante de rajanigandha, la tubéreuse sauvage, fleur de nuit de noces. Car l'amour n'est pas illusion que vous voulez totalement ouvrir l'un avec l'autre, ne supportant de garder aucune distance ?
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La Maîtresse des Épices

De Chitra Banerjee Divakaruni

Titre original : The Mistress of Spices

Roman traduit par Marie-Odile Probst

Éditions Philippe Picquier - Collection Poche - ISBN : 978-2877306126 - 347 pages (avec postface de la traductrice) - 8,50 €

1997 : Orange Prize Royaume-Uni - Best Books "Los Angeles Times"

1998 : Best Paperbacks "Seattle Times"

2005 : Adaptation au cinéma, réalisation par Paul Mayeda Borges

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