Daya est né et est originaire de Dhâmangâv, un village du canton d'Akola dans le district d'Ahmednagar au Maharashtra. On ne connaît pas sa date de naissance exacte, qui est estimé à 1935 qui comme un grand nombre d'intouchables, c'est un de ses instituteurs qui lui a donné sa date de naissance. Daya et sa famille sont de la caste des Mahâr. Ses parents sont analphabètes.
Daya a souvent fait l'aller-retour entre Bombay et son bidonville de Kavakhana où il vécut avec sa famille, sa grand-mère, son oncle et sa tante et Dhâmangâv village d'origine de son père a priori. Daya perdit très tôt son père, dâdâ, qui était alcoolique. A Bombay il travaillait dans les docks où il se trouvait de l'alcool bon marché (mais en ruinant sa famille) et de retour à son village il s'en fabriquait avec un de ses amis, c'était un maux dont souffrait énormément d'hommes dont d'autres membres de la famille de l'auteur. Daya a une soeur cadette Indu et connut encore sa grand-mère qu'il appelait Aji qui vécut dans le bidonville de Bombay. Sa famille quittèrent Bombay lorsque les docks ont brûlé et revinrent à Dhâmangâv où sa famille avait une "maison". Ce village était coupé en deux : le village et le mahârvâda qui était une butte en bas du village. Dans la société villageoise traditionnelle, les Mahâr ont une obligation de service coutumier aux castes supérieures (porter les impôts au chef-lieu, courir devant le cheval des hauts-fonctionnaires en tournée au village et nourrir leur monture, rôle de garde-champêtre, en cas de décès devoir d'aller l'annoncer aux villages voisins, débarrasser les cadavres de bêtes mortes, couper du bois, jouer de la musique à la foire annuelle, accueillir le marié à l'entrée du villages etc. Pour leur peine, ils reçoivent le balutre c'est-à-dire une part de la récolte de grains des cultivateurs du village, qu'ils doivent mendier et qui font d'eux les obligés de ces hautes castes d'agriculteurs. Cependant, bien qu'ils soient méprisés par ceux qu'ils servent, ils leur sont nécessaires aussi car ils ont un rôle religieux (ils allument les feux de holi par exemple). Daya nous montre bien l'extrême complexité des relations entre castes et sous-castes.
Daya eut la chance d'avoir pu aller à l'école, deux années à Bombay à l'école municipale de Nagpada, c'est à cette école justement que l'instituteur de la caste des cordonniers donna une date de naissance à Daya. Ensuite, il était à l'école du village en primaire. En secondaire, il était à Akola pour 3 ans à l'école du chef-lieu du canton, pensionnaire au foyer et géré par l'administration du canton au profit de l'importante population tribale de la région, des Mahadev Koli. Pour son examen de 7ème année, il devait se rendre à Ahmednagar à la préfecture. Il sera ensuite admis dans une école spécialement réservée aux Intouchables à Sangammer. Il y finira là les trois années du cycle secondaire (il fût parmi les 10 meilleurs élèves) jusqu'à son examen final en octobre 1954 (après un rattrapage en anglais). Durant sa scolarité à Sangammer, il fit venir sa mère et sa soeur car un travail de cuisinière venait de libérer, mais le travail pour sa mère fût pénible et les élèves toujours à se plaindre. Daya eut toujours eut du mal avec l'anglais mais avait pris un goût très rapidement pour la lecture, il aimait aussi le théâtre mais une mauvaise expérience lui donna à cette passion du dégoût suite à cet incident, il se prit alors une grande passion pour la poésie. Avant la réussite de son examen, sa famille mais plutôt son oncle lui avait trouvé sa future épouse du nom ou du surnom de Saî. Daya pouvait l'observer le samedi au marché qui se situait à une dizaine de kilomètres de Sangammer.
Après ces années passées dans différents établissements scolaires et sa réussite, la seule route pour Daya, sa mère et sa soeur était Bombay et le bidonville de Kayakhana où vivait toujours Aji. Sa mère reprenait son travail de femme de bidonville en ramassant du papier au marché, et le soir toute la famille trièrent le papier, le kraft était le mieux payé. Daya pendant ce temps, se rendait au bureau du chômage où il avait une liste spéciale pour les basses castes prioritaires et les entretiens échouaient souvent à cause du mauvais anglais de Daya. En face du bidonville, se situait une grande église avec une bibliothèque et Daya avait une grande amitié avec le bibliothécaire qui lui prêta des livres.
Daya, sous la pression familiale, épousa Saî avant d'avoir trouver du travail (on y découvre les rites de mariage chez les Mahâr). Beaucoup de temps s'écoulèrent avant qu'ils puissent partager la même couche. Après le mariage, Daya trouva un travail comme secrétaire et assistant de laboratoire au Collège vétérinaire de Parel. Son travail consistait à s'occuper de préparer des échantillons de bouses de vaches malades afin que l'après-midi le vétérinaire examina le dépôt sous le microscope et également l'injection d'alcool dans les cadavres de bêtes suspendues pour éviter leur décomposition.. Bien évidemment les plus hautes castes avaient refusé ce travail, et ce travail était parfait pour les basses castes.
On découvrit ensuite la vie de Daya avec sa femme et sa vie à Bombay et surtout la transformation de son village natale. Jusqu'à la fin de cette biographie, son statut ne s'était point élevé malgré son intelligence hors du commun.
Cette autobiographie nous montre bien que la caste dans laquelle un indien naît leur est tatoué sur le front et que peu d'entre d'eux, a la chance d'avoir une vie plus digne.
Même ceux qui ont la chance d'étudier et d'avoir une grande intelligence, il est dur de vivre comme un indien d'une caste supérieure, même si ce dernier ne possède pas toutes les facultés intellectuelles ou les dons de certains intouchables comme Daya Pawar pour la poésie et sa réussite dans les études supérieures, celui de la caste supérieur trouvera toujours plus facilement du travail.
On y découvre aussi que toutes les personnes, bidonvilles ou mahârvâda, les personnes sont entassées par caste souvent, contraint à vivre sans un minimum de vie intime, et sous l'oeil des autres : familles élargies ou voisins. Ce qui peut également choqué, est la violence presque naturelle et continuelle dans cette société traditionnelle qui vient sans doute du désarrois de ces Intouchables et même l'alcoolisme. Même si beaucoup de cette caste se sont convertis dans le néo-bouddhisme, lorsqu'on naît hindou, tout est une question de karma et peut-être grâce aux bonnes actions qu'ils feront dans cette vie de misère, ils auront dans une autre vie, une meilleure vie. En tous les cas, ce livre est un témoignage très important pour révéler sur son exemple sur une vie d'Intouchable même si côté étude il s'en sort assez bien. Une façade de l'Inde qui existe encore aujourd'hui, plus de 30 ans après l'écriture de ce livre, seul l'histoire de l'Inde a évolué (avec Indira Gandhi par exemple et son nettoyage) mais la condition des Intouchables n'a pas forcément évolué, bien au contraire. Un livre qui vaut vraiment la peine d'être lu.
MA VIE D'INTOUCHABLE (nom exact du livre Baluta (बलुत)
De Daya Pawar (nom de naissance : Dagdu Maruti Pawar) et écrit en 1978
Editions "La découverte - Poche"
219 pages - 6,40 € en occasion y compris les frais de port
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