Après "La Colère des Aubergines", Bulbul Sharma nous a à nouveau concocté de superbes nouvelles mais cette fois-ci sans recettes de cuisine et avec aucun lien entre chacune des histoires. On retrouve dans ces nouvelles différents destins de femmes : - une femme d'environ 70 ans qui entreprend seule un voyage pour Londres pour revoir son fils qu'elle n'a pas revu depuis une quarantaine d'années car il a peur de l'avion - Neelima qui détestait aller à l'école malgré que son père voulut d'elle qu'elle soit diplômée, demanda à 16 ans que ses parents lui trouve un mari afin de pouvoir être épargner de tout enseignement que ça soit à l'école ou à la maison. Son vœu fût très vite exhaussé et dès qu'elle trouva son prétendant un mois plus tard, elle fût marié et envoyer en train dans sa nouvelle famille ... Mais à 16 ans, c'est encore l'âge de l'insouciance .... - Meera dût entreprendre un voyage avec ses 3 tantes pour se rendre aux funérailles de la cousine de la grand-mère. les 3 tantes ont un sale caractère et ne loupait pas une occasion pour se faire remarquer ou être hautaine ou injuriante, jusqu'au moment où ... - Mini, sept ans quittait sa famille par in long trajet en train pour rejoindre la famille de son époux qui avait le même âge qu'elle - R.C. A une vie réglée comme une horloge au grand désespoir de sa mère, sa femme et sa fille et même de ses domestiques. Mais un beau jour, il décida à la grande surprise générale, de faire un voyage qui devait les emmener d'Agra à Rishikesh en passant par Matura. Il précisa tout de suite que le voyage n'était pas d'agrément mais un "pèlerinage qui devait être accompli avec une discipline stricte et de courage" ... - au début du XXème siècle, Anima et Ananda se marièrent à Bénarès, un peu contre la famille d'Amina, la femme. Ananda (l'époux) a reçu le poste de secrétaire mais à Simla très loin de Bénarès, ils voyagèrent en train puis en tonga (carriole). Mais la vie à Simla fût très dur pour Anima surtout que beaucoup de britanniques y vivaient .... - Rupbala a 34 ans fît un pèlerinage à Badrinath. Une des raisons, c'est qu'entre le mariage et la vie qui suivit elle a bien grandit et dépassait largement son mari qui était complexé et il la haïssait pour cela ... Mais d'autres faits la conduisit à ce pèlerinage .... - Gita se retrouva sans mari car il décida de devenir un sage. Ne s'entendant ni avec sa belle-famille, ni la sienne, elle décida de s'enfuir par train et c'est sur le quai de la gare par hasard qu'elle rencontra une dame qu'elle suivit et qui lui fit changer sa vie en bonheur ... Encore une fois de sacrées histoires, certaines sont drôles comme celle des tantes, d'autres sont plus tristes. Peut-être, l'auteure s'est inspirée de faits réels qu'elle a dû entendre. En tous les cas, c'est un livre qui se lit très facilement et que j'ai bien aimé lire.
Dans son foyer, il régnait également avec une main de fer ; sur sa vieille mère qui avait une propension à l'entêtement et devait être surveillée, sur sa femme rêveuse dont les pensées vagabondaient en terre inconnue, et sur sa fille, obéissante mais dont le regard laissait présager un caractère sauvageon. Pas une seule fois R.C. ne lâcha de lest. Il les dirigea comme un despote et les modelait à sa guise. En fait, il n'élevait jamais la voix, se montant toujours gentil et ne faisait acte de présence que quelques heures avant son pour le tribunal. Mais les femmes sentaient sa présence et son oeil critique les suivait comme une ombre ; même la nuit, quand il s'introduisait subrepticement dans leurs rêves, il leur arrivait de murmurer des excuses d'un ton gémissant. Elles avaient à coeur de rester du bon côté de la ligne qu'il leur avait dessinée et étaient terrifiées à l'idée de la franchir accidentellement. Pour l'instant, aucune l'avait fait. p 123
Que Rupbala, à l’âge de trente-quatre ans, accomplisse un pèlerinage jusqu’à la cité de Badrinath, avait été prévu par les dieux bien avant sa naissance. Tout avait commencé quand les gènes d’un ancêtre amazonien, endormis depuis des centaines d’années, s'étaient soudain réveillés en elle et avaient fait de Rupbala une femme d'un mètre soixante-quinze. Une taille inhabituelle qui n’avait pourtant rien d’extraordinaire, mais qui fit d’elle l’ennemie numéro un de son mari d’un mètre soixante dès l’instant où il posa les yeux sur elle. Ce n'était pas qu'elle fût particulièrement laide ou désagréable à regarder- ce qui aurait peut-être expliqué la haine que lui portait son époux -, elle était même plutôt jolie, avec de grands yeux de biche et de longs cheveux brillants qui lui tombaient dans le dos en cascade. Sa seule faute, considérée comme impardonnable par l’homme en question, était de mesurer quinze bons centimètres de plus que lui. Si elle ne l’avait dépassé que de trois ou quatre centimètres, les choses auraient sans doute été plus simples. Il aurait pu lui dire de ne pas se mettre à côté de lui, de se baisser un peu quand ils marchaient non loin l’un de l'autre, et leur vie commune aurait ainsi pu être différente; Rupbala aurait fait le pèlerinage jusqu’à Badrinath après avoir vécu une vraie vie, à l’âge de soixante-dix ans, peut-être même plus tard. Mais ces quinze centimètres, qui la faisaient dominer son mari, tout en écrasant l'amour-propre de celui-ci, réduisirent en miettes la vie de Rupbala." Pages 195-196
Mes sacrées tantes
De Bulbul Sharma
Titre original : My Sainted Aunts
Editions Picquier Poche
262 pages avec glossaire - Prix neuf ; 8,10 € - Prix acheté en occasion : 5,36 €
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