"La saison des mangues" est un livre qui hypnose son lecteur, un voyage à travers une culture indienne et africaine, mais également un voyage à l'intérieur de soit. Un roman envoutant, le commencer résulte à ne pas s'arrêter jusqu'à la fin. Anita est la gardienne d'un foyer déserté, un appartement parisien au bout de la Butte-Chaumont. Son mari François est interné dans un hôpital psychiatrique, "un fou de l'Inde" qui n'a pas supporté son retour en France après des années vécues dans ce pays. Sa fille, Mira, à la peau couleur de mangue, a disparu. Et Anita, qui est-elle ? Depuis quand elle ne se sent plus indienne ? Retour en arrière, l'histoire de sa vie. Radikha, sa mère, a été marié par son propre père à un major d'un certain âge de l'armée de sa Majesté, deux mois avant l'Indépendance de l'Inde. Un mariage sans amour, un mariage pour éponger les dettes d'un père, un mariage où elle devra effacer ses origines de "sauvage". Un mariage qui la fera quitter son Inde pour une terre inhospitalière avec un mari l'obligeant à devenir une parfaite anglaise. Un formatage de sa culture et l'interdiction de la transmettre à leur fille, Anita. L'homme tyrannique et oppressant, avec un coup pas forcément du destin, décéda alors qu'Anita approcha de ses 14 ans. C'est alors avec le plus grand engouement que Radhikha quitta l'Angleterre pour retourner en Inde avec sa fille. Anita croisera un homme dans l'avion, qui deviendra par la suite son mari et le père de leur enfant Mira. Mira grandira en France, mais repoussera très vite ses origines indiennes pour s'intéresser de très près à la culture africaine. Un continent qui la passionne, où elle se rendra, pour y disparaitre, laissant un grand mystère, dont le voile sera peut-être levé avec l'aide d'un certain Laurent. "La saison des mangues" est un formidable roman dont l'intensité augemente au fur et à mesure des pages qui défilent. Le lecteur pourra se sentir bouleverser et déboussoler au moment de le refermer, car il prend aux tripes. Cécile Huguenin excelle dans son écriture et le lecteur ressentira amplement sa profession de psychologue et de coach à travers les lignes. Je me permets de diviser le roman en deux "parties" : l'Inde pour la première et l'Afrique pour la seconde, avec des bribes d'Europe réparties un peu partout, notamment pour l'introduction et la finalisation du roman. Une très bonne synchronisation et une toile parfaitement réussie. Fervente lectrice de tout ce qui touche autour de l'Inde, ce roman pour sa partie indienne, m'a remémoré quelques souvenirs de mes précédentes lectures ; impression confirmée en fin de roman. La culture africaine avec ses marabouts et ses croyances est un passage très intéressant et une belle découverte. Une histoire passionnante et palpitante. Des personnages attachants et captivants. Un sans faute sur toute la ligne, un voyage incroyable, mélange de cultures, de saveurs, d'histoire et de traditions. Un métissage très audacieux.
Plus tard, elle découvrit une autre de ses vertus : le curcuma tache, colore, cache le blanc. Le blanc des veuves et de la mort en Inde. Blanc le vêtement du deuil dont on a revêtu Radikha qui n'avait plus son mot à dire pour refuser d'être traitée en veuve. Blancs les rondins de manguier entassés pour le bûcher de la crémation et le blanc le jasmin enroulé en guirlande jusqu'au sommet de la pile. Blanc le riz déposé sur le linceul, une poignée par membre de la famille, et blanc le lait caillé jeté dans le brasier en offrande aux divinités;
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Les Indiens attribuent aux délires un caractère sacré parce qu'ils révèlent la nature illusoire du monde. Débarrassé de tout artifice vestimentaire, il aurait rejoint la cohorte des sâdhus qui parcourent l'Inde à la recherche de leur accomplissement spirituel. Ici, il devrait trouver le chemin de sa réalisation à l'abri des hauts murs, des cellules fermés à clé et des neuroleptiques.
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Une longue soirée et une courte nuit pour devenir soeur et frère. Vingt-deux années de rattrapage. Nous avons comparé nos dates de naissance. Même année, même jour. Si nous n'avions pas été séparés par 25 degrés de latitude sud et un décalage horaire de huit heures, nous pourrions nous déclarer jumeaux.
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Je tenais à remercier les Éditions Héloïse d'Ormesson pour cette collaboration ainsi que pour leur confiance.
La saison des mangues
Accroche : La terre est bleue comme une mangue
De Cécile Huguenin
Éditions Héloïse d'Ormesson - Date de Parution : 15 janvier 2015Broché - ISBN : 978-2350872988 - 176 pages - Prix Éditeur : 17 €
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