Retour à Bombay de Kavita Daswani
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Retour à Bombay de Kavita Daswani

Sohana Badshah est l'unique petite-fille de Darshan Badshah, un homme d'affaires de Bombay qui a prospéré dans les aciéries, les industries de transformation, l'agriculture et l'immobilier à travers le monde. Les autres héritiers ne sont que du sexe masculin : le père de Sohana et ses deux oncles, ses deux frères et ses cousins. Sohana est revenue à Bombay après avoir arrêté ses études en décoration intérieure qu'elle faisait à Londres suite à une rupture sentimentale. Que Jah l'ai quitté et lui a brisé le cœur était une chose car ils étaient fait l'un pour l'autre mais le pire c'est que la raison de cette rupture est un différent entre la famille de Jah et celle de Sohana. Même loin de Bombay, sa famille ne s'était pas faite oubliée. A peine de retour à Bombay, le quotidien "Daily Business Journal" publie un article sur la dynastie de son grand-père Bapa, un homme qui a toujours voulu être discret dans le milieu et qui est dorénavant mis en avant de la scène contre son gré. Des informations gênantes ont été révélé et pour Sohana des premières informations expliquant pourquoi Jha a rompu, même si elle devra creuser plus profondément pour connaître toute l'histoire. Cet article lui donnera surtout envie à s'intéresser plus à l'entreprise et à son fonctionnement. Cette publication mettra l'avenir de l'entreprise en jeu et surtout le destin de son père au sein de celle-ci car lors de la réunion de famille de son grand-père qui a lieu tous les vendredis avec l'ensemble de la famille, ce dernier a un jour décrété que son successeur ne sera pas un de ses fils mais un de ses petits-fils le plus méritant d'entre tous. Commence alors nombre de trahison, d'espionnage, de jalousie, de tension,... dans cette famille et Sohana aura du mal à se trouver une place. Elle apprendra à connaître le vrai visage des membres de sa famille et les regardera avec un oeil nouveau et deviendra moins superficielle. Cette ouverture d'esprit elle l'obtiendra notamment grâce à Jha mais également sa meilleure amie et son grand-oncle paternel. Après avoir publié "Mariage à l'indienne", le lecteur pourra retrouver Kavita Daswani dans ce nouveau roman qui se situe à nouveau dans la société indienne aisée et l'on retrouvera les nouvelles ambitions et loisirs de la nouvelle génération. Bien sûr, il sera question de mariage dans ce livre mais il sera relégué au second plan, laissant une intrigue au sein de la famille Badshah, lorsque l'avenir de cette dynastie prendra un virage à 90 degrés. Entre modernité et tradition, amour et trahison, famille unie et famille déchirée, moments tristes et moments heureux, ... Le lecteur trouvera son bonheur dans ce roman qui se lit très facilement grâce à ses chapitres courts, un langage courant, ... Le lecteur trouvera des personnages atypiques: Milan le séducteur, Malini la tante botoxée et cougar, Pawan le cousin intellectuel, Sharan et sa secrétaire, Armaan amoureux d'une top modèle, Bapa un homme charismatique et mystérieux, ... Personnellement, j'ai préféré "Retour à Bombay" à "Mariage à l'indienne", qui traitait d'un sujet vu et revu à l'infini. Avec "Retour à Bombay" c'est Dallas version indienne, mon seul regret a été la fin, en voyant le livre se finir alors que la solution n'avait été toujours pas résolu, je me suis attendue à un grand dénouement, et malheureusement je suis restée sur ma fin, en me disant "Quelle est la suite ? Qui va remporter le challenge lancé par le grand-père ? Sohana va-t-elle elle-même proposer un projet ambitieux coiffant au poteau ses cousins et son frère et épouser Jha". Je n'aurais jamais la réponse et tout autre lecteur non plus. Malgré cette fin s'arrêtant brusquement, cela reste une lecture très agréable et légère. LA FAMILLE BADSHAH Les grands-parents : Darshan Badshah (Baba) et Rukmani (Didi) Fils - Amit marié à Malini, ils ont deux fils Sharan (marié à Jaani) et Karan - Jeetu marié à la mère de Sohanna, ils ont deux fils Armaan 28 ans et Rajan 13 ans, et une fille Sohanna 26 ans - Prakash marié à Preeti, ils ont deux fils jumeaux : Milan et Pawan

"Qu'est-ce que c'est que ça ?" a-t-elle demandé en fronçant les sourcils. J'ai posé mon livre et me suis approchée d'elle. Une photo de mon grand-père et de ses trois fils, dont l'un était mon père, s'étalait à la une. La manchette disait : "QUI SONT LES BADSHAH ?" et dessous "COMMENT UNE FAMILLE PARTIE DE RIEN S'EST HISSEE AU SOMMET". "Ce n'est pas possible, a dit ma mère. C'est une erreur. Une plaisanterie." J'ai d'abord cru à un gag, à une de ces fausses premières pages de journal qu'on peut commander pour une grande occasion ou pour faire une blague
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Ça ressemblait aux inepties des tabloïds. Si la haute société de Bombay était une coterie tapageuse et privilégiée, nous étions encore des outsiders situés à un échelon beaucoup plus bas, en tout cas pour ce que j'en savais. Même parmi les riches il y a des distinctions. Nous volions en classe affaires, pas en première et n'aurions même jamais envisagé d'avoir un jet privé comme tant de nos connaissances. Nous achetions du prêt-à-porter, pas de la haute couture. La voiture familiale était une Mercedes, pas une Rolls, et elle avait cinq ans. Baba vivait dans la même maison depuis des décennies, elle était confortable et spacieuse, mais ce n'était pas ce qu'on pourrait appeler un palais. Cet article était une révélation pour moi. Être riche était une chose - mais notre famille possédait l'entreprise privée la plus riche de toute l'Inde ? Il s'en fallait de beaucoup. Néanmoins, en parcourant les colonnes et les encadrés bourrés de faits et de chiffres, j'ai appris des choses dont j'ignorais tout. Ces deux ou trois dernières années, ma famille avait acquis des aciéries dans l'Orissa, remis sur pied une chaine hôtelière européenne en difficulté, s'était diversifiée dans l'alcool et le tabac, avait acheté de vastes étendues de terres arables à Pondichéry et des immeubles d'appartements entiers à Manhattan.
Pages 18-19

J'ai essayé de récapituler tout ce que j'avais fait aujourd'hui, toutes les choses qui, additionnées, auraient dû m'épuiser. Je m'étais levée tôt pour aller à la gym, ensuite j'avais rencontré une vieille amie pour un café glacé. J'avais fait les courses avec ma mère l'après-midi puis, de retour à la maison, j'avais pris une douche, je m'étais changée, j'avais dîné chez Baba. C'était une journée typique, remplie d'activités futiles, mais le seul genre de journée que je connaissais. Je déjeunais, je "shoppais", je voyais des gens. Maintenant que j'y réfléchissais, je me rendais compte que j'étais une des seules de ma clique de filles riches à ne pas "faire quelque chose" : elles étaient bijoutières, stylistes, écrivaines et restauratrices. Même ma meilleure amie Nitya avait un genre de carrière : elle était copropriétaire d'une petite chaîne de centres de yoga. Ces filles avaient des relations familiales qui leur ouvraient toutes les portes, leur donnaient accès à des capitaux illimités pour s'assurer leur place en ce monde. La seule chose que j'avais entreprise qui ressemblait vaguement à une activité professionnelle, et c'était seulement depuis mon retour de Londres, avait été d'aider les amies de ma mère pour des petits travaux de rénovation ...
Pages 38-39

J'ai battu des paupières, essayé de digéer la nouvelle. Bien que je n'aie quasiment rien eu à voir avec Badshah Industries, la vie de la famille avait toujours, du plus loin qu'il m'en souvienne, gravité autour de l'entreprise. C'était notre pierre de touche, elle nous assurait un statut social, nous distinguait. Elle nous garantissait une vie à l'abri du besoin. Grâce à elle, je n'avais pas souvenir de m'être jamais inquiétée de quoi que ce soit je n'étais jamais montée à l'arrière d'un avion.. Ma penderie était remplie de vêtements que le fait d'être une Badshah m'avait permis d'acheter.
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Mes moments préférés en famille se situaient à la fin d'une longue soirée, après une sortie, quand tout le monde était fatigué mais avait encore assez d'énergie pour prendre un thé et papoter. Nous étions tous en pyjama, réunis dans notre salon silencieux avec du thé frais et un petit quelque chose de sucré à grignoter sur la table. Mon père mettait Anup Jalota dans le lecteur de CD et je m'asseyais les jambes en tailleur sur le canapé, une tasse de thé fumant à la main, ravie et reconnaissante d'être là avec mes parents, de les voir au moment où ils étaient le moins tatillons, le plus détendus.
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Baba avait un frère aîné qu'on appelait simplement Matunga Dada car il vivait dans ce quartier de Bombay. Si Baba était sévère et distant, son frère était charismatique et chaleureux. Il portait des lunettes à grosses montures, se teignait les cheveux en noir et son corps émacié était toujours emmitouflé dans un châle vert vif crocheté par sa femme défunte et offert lors de leur lune de miel. Il était tout mité, grattait au toucher, mais ne le quittait jamais. Matunga Dada était, selon Baba, "un perdant". Il avait pris sa retraite de directeur d'une petite société exportant des colifichets en argent. Veuf depuis des années, sans enfant, il vivait seul dans un immeuble branlant sans ascenseur, en face d'un barbier ...
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J'ai voulu remettre la photo à sa place au fond de la vitrine. Ce faisant, mon regard est tombé sur un rouleau de papier noué d'une ficelle grossière et mesurant la moitié de la longueur de l'étagère. ç'aurait pu être une affiche souvenir de film, un diplôme, un vieux dessin oublié. ç'aurait pu être n'importe quoi et je n'aurais pas dû m'en soucier. Mais comme si elle agissait de son propre gré, ma main a saisi le rouleau et l'a enlevé de sa tablette poussiéreuse en prenant garde à ne pas renverser les petites figurines de porcelaine qui le dissimulaient auparavant. C'était indiscret, mais c'était plus fort que moi. J'ai tiré sur la ficelle, déroulé le rouleau qui a fait un bruit de peau parcheminée. Tout en bas, écrite à l'encre bleue qui avait bavé, figurait une date : 1945. Le reste était incompréhensible pour moi ...
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Retour à Bombay

De Kavita Daswani

Traduit de l'anglais par Isabelle Caron

Éditions De Fallois - Collection "Le Livre de Poche" - 285 pages - ISBN : 978-2253175322 - Prix neuf : 6,60 €

Existe également en version broché à 19 € aux Éditions De Fallois - ISBN : 978-2877067799

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