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Un sari couleur de boue de Kashmira Sheth

Nous sommes en 1918 dans dans le village de Jamlee dans l'Etat du Gujarat,  vit Leela de caste brahmane avec ses parents et son oncle Kaka et sa tante Kaki (qui n'ont pas d'enfants). Elle est mariée depuis l'âge de 9 ans et devra bientôt vivre avec son mari Ramanbal après la célébration de l' "anu" (cérémonie donnée en l'honneur de la mariée avant qu'elle va rejoindre la maison de son époux) . Elle a dorénavent 13 ans et croque sa vie à pleine dent, elle est choyée par tous les membres de la maisonnée, va à l'école et sa belle-famille avec qui elle passe quelque fois une journée chez eux est très aimable avec elle. Leela a également un frère du nom de Kanubhai, célibataire âgé de 21 ans qui vit à Ahmedabad et venant d'entrer à l'université pour enseigner. Sauf que le malheur va s'abattre sur Leela et sa famille. Ramanbal de retour au village pour quelques jours se fait mordre par un serpent et décède. Leela est dorénavent veuve et son monde s'écroule d'un coup alors qu'elle rêvait du jour où elle pourrait enfin vivre avec son mari. Dès l'annonce du décès, tous ses bijoux lui sont enlevés, ses bracelets en verre sont fracassés, et jusqu'à la cérémonie du 9ème elle devra rester vêtu de noir avant de vêtir le chidri (un sari "couleur de boue" que les veuves portent dans l'Etat du Gujarat) et devra toujours se faire raser la tête. Pendant un an, Leela restera cloîtrer à l'intérieur de la maison et sa famille ne devront pas porter de bijoux ni de participer à des festivités car elle a une veuve parmi elle. Leela qui est une fille pleine d'énergie souffrira énormément de son enfermement même si sa famille reste très proche d'elle et la bannira pas. Kanubhai son frère lui promettra de l'aider et rendra plus souvent visite à sa famille au village. Leela aura aussi la chance que sa maîtresse d'école Saviben se propose pour lui donner des cours à domicile, requête acceptée par ses parents. C'est justement, grâce à Saviben, que Leela aura à nouveau un petit goût à la vie en s'instruisant et en s'ouvrant au monde grâce aux petites choses : des bruits, des odeurs, le changement de temps, le monde animal, ... et qu'elle reporte dans un cahier. Mais Saviben lui donnera surtout le goût de lire le journal et découvrir le  livre d'un certain Narmad, qui lui donnera l'envie de se battre pour pouvoir continuer à étudier avec le soutien de son frère. Mais en 1918, l'Inde étant encore une colonie de l'Empire Britannique,  Leela sera le témoin des conséquences de la guerre de 14-18 en Europe en Inde mais aussi le début du mouvement de Gandhi contre le sarkar (gouvernement) qui récolte les impôts peut importe l'importance de la récolte puis toujours contre une loi qui permet l'arrestation de n'importe quel citoyen sans motif. On rencontrera les partisans de Gandhi (dont à Ahmedabad où il avait un ashram) mais aussi les écrits de Narmad qui demande que les hommes et les femmes ont les même droits Je vous rappelle qu'à cette époque, l'Inde est encore une colonie de l'Empire Britannique. Mon impression sur le livre J'ai vraiment eut un grand plaisir à lire ce livre, qui est pourtant une triste histoire car c'est une enfant de 13 ans qui se voit couper de ses rêves et qui devra rester une veuve toute sa vie alors qu'elle n'est qu'au début de son existance. Heureusement, l'auteure a romancé son existance car elle garde malgré tout l'amour de ses proches, chose qui doit être pas commun pour une fille et autant plus à cette époque, n'oublions pas que les filles sont des fardeaux pour la population rurale alors en plus veuve .... On apprends également à connaître le début du mouvement de Gandhi en Inde et la participation de nombreux indiens, peut importe la caste ou le métier. J'ai aussi appris à découvrir "Narmad", et ses idées avant-gardistes, un grand poète et essayiste qui a vécut au 19ème siècle au Gujarat, et qui a par la suite inspiré Nehru et Gandhu, c'était même lui qui avait proposé comme langue nationale l'hindi. Il dénonçait que les différences entre les hommes et les femmes, les castes, les religions, ... Pour revenir au cas de Leela, on découvre aussi la coutume lorsqu'on devient veuve en Inde, je vous en avais parlé précédement dans un article nommé "les satis" dont je vous mets le lien ci-après. C'est un livre que je conseille à tous de découvrir, il y a c'est vrai beaucoup de mots que j'appelle toujours "d'intraduisibles" et si moi je dis qu'il y en a beaucoup, c'est qu'il y en a vraiment. Et pour dernière information sur le livre, il est destiné à un public adolescent à la base, mais je conseille à tous de le lire. BONUS Je vais vous faire une révélation sur ce qu'à inspirer Kashmira Sheth pour écrire ce livre, une note de l'auteure que l'on retrouve en détail en fin d'ouvrage. En faite, elle avait une grande-tante qui était veuve depuis l'enfance. Cette dernière du nom de Maniba s'était battu malgré son statut de veuve à poursuivre ses études. Pourquoi étant veuve, ne pouvait-elle pas poursuivre ses études notamment à son âge ? En Inde, on dit que le faite d'être veuve est plus dure que d'être divorcée, même si maintenant parfois les femmes peuvent à nouveau se remarier. En général, à partir du moment où son mari meurt, la veuve se retrouve reléguée au rang de domestique, car pour la société la considère comme quelque part responsable du décès de son mari. Immédiatement après la mort de ce dernier, la veuve se fait retirer tous ses bijoux et le sindur (la raie rouge faite de poudre de vermillon qui orne ses cheveux et définissant son statut de femme mariée) est enlevée. Elle ne pourra désormais que se vêtir de blanc, couleur de deuil, ou de bleu, les couleurs vives, en particulier le rouge (symbole du mariage) et tout ornement lui sont dorénavant interdits. Elle ne participera plus aux grandes réjouissances familiales et traditionnelles ou sera simplement tolérée et reléguée dans le coin d’une pièce. Elle n’est plus invitée aux noces où elle ferait figure de mauvais présage. Sa belle-famille, avec qui elle est censée vivre, la traiteront comme une domestique à moins que la veuve soit renvoyée dans sa famille ou dans des établissements pour les veuves dont le plus connu se trouve à à Vrindayan au bord du Gange, sortes de mouroirs où elles doivent se lever avant l’aube et réciter des mantras en l’honneur de Krishna. La première réussite majeure de Gandhi vient en 1918 avec les satyagrahas (non-violence par la désobéissance civile) du Champaran (ville du Bihar) et du Kheda (ville du Gujarat), bien que pour cette dernière, il était impliqué de pair avec Sardar Vallabhbhai Patel, qui agit comme son bras droit et dirige des rebelles. Au Champaran, un district de l'État du Bihar il organise la réistance civique pour les dizaines de milliers de fermiers sans terres, pour les serfs (esclaves) et pour les petits propriétaires pauvres qui sont forcés de cultiver l'indigo et autres produits d'exportation au lieu de cultiver la nourriture nécessaire à leur subsistance. Opprimés par les milices des grands propriétaires britanniques pour la plupart, ils ne reçoivent que de maigres compensations, les laissant dans une pauvreté extrême. Les villages subissent des conditions d'hygiène déplorables et l'alcoolisme, la discrimination envers les Intouchables et la purdah (pratique qui empêche les hommes de voir les femmes) sont très répandus. Au cours d'une terrible famine, les Britanniques veulent encore augmenter l'une de leurs taxes, ce qui rend la situation désespérée. À Kheda, au Gujarat, le problème est identique. Gandhi y établit un ashram, regroupant un grand nombre de partisans et de volontaires de la région. Il y mène une étude détaillée sur les villages, rendant compte des atrocités et des terribles conditions de vie. Gagnant la confiance des villageois, il dirige le nettoyage des villages, la construction d'écoles et d'hôpitaux et encourage les dirigeants locaux à condamner et éliminer les problèmes sociaux décrits plus haut. Le pic de la crise vient quand il est arrêté par la police pour « trouble à l'ordre public », et il lui est demandé de quitter la province. Des centaines de milliers de personnes manifestent autour de la prison, des commissariats et des palais de justice demandant sa libération, ce que la justice accorde à contrecœur. Gandhi mène des grèves et des manifestations contre les grands propriétaires qui, sous la direction du gouvernement britannique, signent un accord donnant plus de compensations et plus de contrôle sur la production aux fermiers pauvres, ainsi qu'une annulation de la taxe jusqu'à la fin de la famine. Si pour Gandhi les gains matériels de la victoire sont minimes, le fait que les paysans aient acquis une conscience politique est inestimable. C'est à partir de cette époque que Gandhi est baptisé par le peuple "Bapu" (père) et "Mahatma" (Grande âme). Au Kheda, Patel représenta les fermiers et obtint la même victoire. La célébrité de Gandhi s'étend alors à l'Inde entière. Extrait de Wikipédia, sur Gandhi concernant l'année 1918


Un sari couleur de boue

De Kashmira Sheth

Titre original : Keeping Corner

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marion Danton

Editions "L'école des loisirs"

261 pages - 9 €

ISBN : 978-2211093927

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