"L’Étoile de Bombay" de Christophe Masson
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"L’Étoile de Bombay" de Christophe Masson

Sous le feu des projecteurs, la Porte de l'Inde s'illuminait de rouge, de bleu, de jaune et, assis sur un muret face au Taj Mahal Palace, je regardais les passants et les calèches dorées qui promenaient des touristes. [...] Mais comment avais-je bien pu me fourrer dans cette galère.
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Thomas, dans la vie, écrit. Il accouche de la vie des autres sur des pages blanches. Ses clients sont des gens qui souhaitent que l'on se souvienne d'eux, aujourd'hui et peut-être demain. Thomas permet également aux livres de la littérature française de faire des cures d'amincissement en condensant les grandes œuvres en 100 pages. Mais Thomas a été l'amant de Claire et aujourd'hui à 60 ans, Claire est veuve et sacrément riche. Veuve mais qui doit s'occuper de son attardé de fils qui dilapide l'héritage familial et de l'impétueuse Adèle, "le genre de fille qui affole les hommes", sa nièce orpheline. Claire renoue le contact avec son ancien amant car elle a besoin du talent d'écrivain de Thomas. Elle voudrait que Thomas refasse le puzzle de la vie de son grand-père Jules. Jules avait vécu à Pondichéry et s'était amouraché de Janamma, l'adolescente qui s'occupait de son linge et de ses repas et qu'il a fini par épouser. Janamma est venue en France avec leur enfant mais Jules est resté mystérieusement à Bombay avant de mourir subitement. C'est justement à Bombay, où se retrouve Thomas une vingtaine d'années après son dernier voyage en terre indienne. Il est accompagné par Akhsok, le serveur du restaurant indien où Claire a ses habitudes à Clermont. Dans quelques jours, ils seront rejoints par Claire et la sulfureuse Adèle avec qui Thomas a une liaison torride et discrète. Ils seront tous les quatre sur les traces du grand-père Jules et de son diamant "L’Étoile de Bombay" mais un évènement tragique bouleversera le séjour.

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"L’Étoile de Bombay" est le premier roman que je lis de Christophe Masson et je sors de ma lecture assez satisfaite. J'ai apprécié qu'un auteur français appose à son roman Bombay comme toile de fond et non Pondichéry. Pondichéry n'est pas oublié mais cette ville est reléguée au troisième plan, comme un lieu où un personnage, en l’occurrence Jules, avait vécu il y a un siècle en arrière. Dans ce roman, il est agréable de lire les descriptions précises de l'auteur sur la ville de Bombay : les lieux, les communautés qui y vivent, son histoire, ses caractéristiques, ... On y respirerait presque les embruns de la Mer d'Arabie. Le roman nous apporte également de l'Inde dans sa généralité et touche à différents thèmes comme par exemple les intouchables ou l'exode rural. L'auteur connaît et aime ce pays, cela se ressent à travers ses lignes. Il est également intéressant que Christophe Masson ait rajouté un fait réel à son histoire, c'est-à-dire les évènements tragiques du 26 novembre 2008. À travers les pages, l'on retrouve également des bribes de la grande culture générale de l'auteur notamment celle liée à la littérature française grâce aux nombreuses citations incorporées avec tact et ses références musicales. Thomas est un personnage atypique, c'est un homme à femmes et qui n'a pas de tabous sur la question. Il reste pourtant un personnage loin d'être lourd, au contraire, derrière cette carapace, l'on devine un homme qui veut apporter du bien autour de lui et pas seulement pour son plaisir intime. Les personnages de Claire et de sa nièce Adèle se complètent - deux âges, deux tempéraments, deux physiques et d'autres caractéristiques que je vous laisse découvrir - et pourtant elles sont au fond si ressemblantes. On ne comprend pas tout de suite à quoi sert le personnage d'Akshok à pars servir d'intermédiaire avec Sanjay, il ne brille pas forcément par sa présence. Mais là encore, l'auteur laisse le mystère qui sera révélé qu'en fin de roman. Le personnage de Sanjay apporte au roman le côté Bollywood, comme d'autres indiens, il est venu à Bombay avec un rêve, celui de devenir une star mais la réalité est tout autre. Sanjay est un personnage haut en couleur et qui a beaucoup de bagou. "L’Étoile de Bombay" est un roman qui se lit facilement et qui réserve beaucoup de surprises. On sent que l'auteur a travaillé son roman et l'a peaufiné. Une bonne lecture.


Le mot "saphir" vient du grec ancien saphheiros qui signifie "pierre de couleur bleue" ou de l'hébreu sappir, "la plus belle chose". Sur la page Wikipédia, un morceau de saphir à l'état brut brillant d'un bleu sombre tirant sur le noir et, parmi les saphirs les plus fameux, le nom de l'un d'eux cristallisa tous ces éléments épars qui me trottaient dans la tête depuis une semaine : Star of Bombay, une pierre de 182 carats.
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Rien ne sert de lutter contre le courant. Bombay, la ville où Jules était mort ; l'admiration de Claire pour son grand-père et son amour des bijoux ; et maintenant cette "Étoile de Bombay" qui avait donné son nom à une marque de gin, Bombay Sapphire. Lequel servait de base à la confection d'un cocktail qui, lui, me ramenait à Adèle ... L’Étoile de Bombay : 60 ml de dry gin, 15 ml de sirop de sucre de canne, 6 cubes de cantaloup à écraser à l'aide d'un pilon, un blanc d’œuf et des glaçons. C'était presque trop. Même les dates concordaient : Jules mort en 1919, un an avant le mariage des Brad Pitt-Angelina Jolie du cinéma muet. Jusqu'à cette Étoile de Bombay qui usurpait son nom, extraite en réalité d'une mine au Sri Lanka.
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L’Étoile de Bombay de Christophe Masson

Éditions Revoir - Parution le 1er juin 2015

ISBN : 978-2352650805 - 244 pages - Prix éditeur : 17 €


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