Je mettais le monde sur la touche. Je me vouais au corps. Rien n'est plus réel qu'un corps nu, vivant ou mort. Je n'avais pas compris que je rétrécissais le champ de mes possibles. L'avenir, qui, quelques temps auparavant, s'ouvrait devant moi comme une mer, s'était métamorphosé, sans que je le sache, en une étroite rivière. Je m'y engageai, poursuivant une pauvre image de moi-même.
Claude est psychiatre au Consulat de France de Mumbai où il s'occupe des nombreux Français ayant subi le "syndrome indien", des personnes s'étant complètement déconnectées de leur ancienne vie d'occidentale pour y adopter une vie d'errance et spirituelle, facilitée par la prise de drogues. Nombreux sont à remettre sur les rails et à renvoyer en France, certains croupissent au fond des prisons ou certains ayant simplement disparu. Malgré ce travail souvent éreintant, Claude mène à Mumbai une vie paisible et agréable, faite de mondanités et de déplacements. Mais un jour, il retrouve dans son bureau cet homme qui se fait dorénavant appeler par un nom indien de Vikram. Avec le retour de cet homme, Claude y voit ressurgir les fantômes du passé et sera alors obnubilé par cette présence au quotidien. Claude deviendra un autre homme, plus solitaire, plus taciturne. Il se déconnectera à son tour du monde qui évolue autour de lui, jusqu'à commencer à disparaître ... "Rêve indien" est un roman qui est paru il y a vingt ans et qui relate d'un sujet qui sera repris quelques années plus tard par Régis Airault dans "Fous de l'Inde, délires d'occidentaux et sentiment océanique". La seule différence, c'est que dans "Rêve indien", c'est le psychiatre qui subit à terme le syndrome indien. L'écriture de Christian Petr est intéressante et il y mêle différents styles. L'histoire est constamment en mouvement et l'on découvre à quelle vitesse une vie peu basculée avec seulement un souvenir douloureux qui revient à la surface vingt ans après les faits. Un mystère demeure pourtant, qui est exactement Vikram ? Dans "Rêve indien", Christian Petr nous transporte à Bombay-Mumbai. Son lecteur ne pourra qu'être ravi que d'être transporté dans cette cette ville et la sentir vibrée à travers les pages de ce très beau roman.
Quelque chose nous poussait au fond, vers l'essentiel, vers le buste monumental, terrifiant, souverain, du dieu aux trois têtes qui matérialise la solidarité du Destructeur, du Créateur et du Conservateur. Vous m'avez saisi la main et vous m'avez conduit autour de la statue. Je ne saurais dire combien de temps a duré notre visite. Alors que nous allions ressortir, vous m'avez souri : - Vous venez de contempler le rêve de l'histoire indienne : réaliser l'unité de forces contraires. C'est aussi le vôtre.
Rêve indien de Christian Petr
Carnet
Éditions Kailash - Date de parution : 1997 - 125 pages - Uniquement en occasion"Les Exotiques", postface de René Ballet
Comments