Danny avait l'impression de se tenir devant un public, comme Kiran Rao au Festival de Sydney. Oui, monsieur, c'est ça. Je connaissais un détail au sujet de la morte que personne d'autre ne connaissait. Mon statut même d'immigré clandestin, assez bizarrement, me donnait ce privilège unique, et j'en usais pour faire le bien. Mes contradictions vous aident à évoluer. [Page 65]
Aravind Adiga, le célèbre auteur de "The White Tiger" - un roman qui a remporté le Booker Price en 2008 et dont son adaptation en film sur Netflix en 2021 a eu un succès retentissant - est de retour avec "Amnistie", "Amnesty" pour son titre original. Dans ce nouveau roman picaresque, nous y retrouvons le style "Aravind Adiga" et une nouvelle fois, l'auteur ne ménage pas son lecteur en lui offrant une lecture haletante, où le suspens est à la puissance maximale, le temps s'égraine doucement et l'humour toujours aussi noir et épais, parfois grinçant, parfois ironique.
L'auteur primé nous invite à aller en Australie, à la rencontre de Danny, qui est un personnage à l'opposé de Balram Halwai, le "héros" de "The White Tiger", qui lui, avait connu une ascension fulgurante.
Danny est un tamoul du Sri Lanka qui est arrivé il y a quatre ans en Australie avec un visa d'étudiant et grâce aux économies d'une vie de son père. Depuis, il est en situation irrégulière, essaye de se faire très discret en rasant les murs de Sydney et effectue le ménage chez des particuliers, dans les banlieues des "petits culs".
Alors que "Le Prodigieux Homme de Ménage" travaille dans la "Maison Numéro Quatre", il apprend que la femme de la "Maison Numéro Cinq", Radha, qui l'employait il y a plusieurs mois, a été assassinée, son corps a été retrouvée dans une crique.
Contrairement à ses autres employeurs, Danny connaissait Radha et particulièrement ses vices. Il est persuadé que les informations qu'il détient pourrait aider la police à résoudre le meurtre, mais Danny ne veut pas se retrouver dans un centre de détention et se faire renvoyer au Sri Lanka.
En compagnie du cactus qu'il avait acheté pour sa petite amie, durant une journée de travail, Danny réfléchit à la meilleure option à adopter mais il ne sait pas quoi faire, tourne en rond, doute, revient sur sa position à plusieurs reprises, fait de mauvais choix, ...
Avec "Amnistie", qui signifie en grec ancien "oubli", Aravind Adiga s'intéresse à ces hommes de l'ombre, ces sans-papiers, qui évoluent tels des fantômes dans notre environnement sans que nous les remarquions. Ces oubliés forment un véritable melting-pot des laissés pour compte. Chaque jour est, pour ces personnes de toutes les nations, un nouveau défi à relever, pour survivre dans une jungle impitoyable, sans foi, ni loi. Aravind Adiga s'intéresse également dans "Amnistie" aux addictions de jeu et à d'autres vices ...
Avec "Amnistie", Aravind Adiga signe un nouveau roman décapant où les minutes passent tranquillement, comme une petite bombe à retardement.
Dans ce jeu, les gens fuyaient des pays en flammes vers des pays qui ne brûlaient pas encore ; ils sautaient dans des bateaux, cisaillaient des barbelés, se faufilaient dans des conteneurs au fond des cales de navires, tandis que d'autres s'efforçaient de les stopper, de les tenir à distance, de les refouler ; et même si le chaos régnait en surface, des règles bien définies régissaient le jeu : soit vous les braviez, montiez dans sur les bateaux, vous faisiez capturer par les garde-côtes et enfermer dans des prisons spéciales - et dans ce cas il y avait des avocats, des travailleurs sociaux, des gens tels que les bibliothécaires de Glebe ou les femmes gauchistes dans les gares, qui vous venaient en aide (se précipitaient pour vous aider puis postaient des photos de leur générosité sur Facebook) -, soit vous arriviez par avion, légalement, .... [Page 194]
"Amnistie"
Aravind Adiga
Titre original : Amnesty
Traduit de l’anglais (Inde) par Annick Le Goyat
Editions : Globe - Date de parution : 6 avril 2022 - ISBN : 978-2-38361-105-9 - 272 pages - Prix éditeur : 23 €
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