"De rage et de lumière" de Jeanne Pham Tran
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"De rage et de lumière" de Jeanne Pham Tran


Écrire sur Calcutta, c'est comme écrire sur Jack, un combat perdu d'avance. La ville se refuse aux regards, fait miroiter des histoires, s'exhibe avec de gestes effarouchés, se fraie un passage entre lianes et banians, entre voitures climatisées et vaches sacrées, entre tuk-tuks rafistolés et sans-abri par milliers ensuqués sur les trottoirs quand tombe la nuit. Calcutta crépite de tous ses rescapés qu'elle couve sous ses ailes de tôle et de béton. Percer ses secrets dissimulés derrière ses grands murs ocre dévalés. Renifler son odeur de bois brûlé, de diesel et d'humidité. Chercher en elle autre chose que ce qu'on attend de l'Orient quand on a grandi en Occident. [Pages 78-79]

C'est dans un vieux cinéma de Saint-Malo, que Jeanne découvre l'histoire de Jack Preger, un homme hors-du-commun et au parcours atypique. Fermier au Pays de Galles, il s'est lancé dans des études de médecine à Dublin après que la "Holy Spirit" s'est manifesté. Il s'est ensuite engagé dans l'humanitaire pour venir en aide à des réfugiés au Bangladesh et a rejoint Calcutta en 1979 après avoir été expulsé du pays car il a dénoncé un réseau de trafic d’enfants.

Après avoir soigné les oubliés directement dans la rue dans la capitale du Bengale, il a ouvert cliniques, ateliers d'apprentissage et d'artisanat, ...


Comme pour fuir la mort prochaine de sa mère, Jeanne décide d'aller à Calcutta, rencontrer cet homme bourru, qui se rebiffe contre les publishers, filmmakers, journalistes ... et la jeune femme.

Mais Jeanne est déterminée et a décidé de dompter cet ours, celui qu'elle surnomme le Don Quichotte des Indes, et de découvrir son histoire, loin d'être commune. Mais être loin de sa mère alors qu'elle commence à s'éteindre, n'est pas facile pour Jeanne. Pourquoi avait-elle besoin de s'évader à ce moment précis et que cherche-t-elle à travers Jack ?



Avec "De rage et de lumière", Jeanne Pham Tran, éditrice qui vit désormais en Thaïlande, nous offre un roman époustouflant, d'une grande intensité et d'une grande humanité.

"De rage et de lumière" est un récit, une confidence couchée sur papier, sur un épisode difficile de l'autrice, celui qui précède le décès de sa mère ... un travail de deuil après sa disparition, l'acceptation de l'inacceptable. Assez surprenant que cela puisse paraître les derniers instants de la vie de sa mère, c'est auprès de Jack Preger que Jeanne s'est "réfugiée". Moins connu que Mère Teresa, c'est un homme qui a, qui apporte et qui apportera énormément aux défavorisés de Calcutta, grâce à son travail sur plus de quarante ans sur le terrain et sa fondation "Calcutta Rescue". Au fil du récit, Jack Preger se livre. Lorsque Jeanne a demandé à le rencontrer, il a immédiatement dressé un mur entre elle et lui mais avec la détermination de la jeune femme, la lumière est de plus en plus apparue forte à travers les interstices et l'homme l'a laissé peu à peu entrer dans les souvenirs de sa vie et dans sa vie. Le lecteur découvre au fil du récit, par intermittence avec les souvenirs de Jeanne, le parcours du vieil homme qui a une vie hors-du-commun. "De rage et de lumière" est un continuel va-et-vient entre Calcutta et Paris, entre souvenirs de l'un et souvenirs de l'autre, entre détermination et résignation, ..., entre rage et lumière.

"De rage et de lumière" est un roman solaire alors qu'il parle d'un sujet douloureux, celui de la perte d'un parent. C'est un roman sur l'acceptation, la famille, les souvenirs, la maladie, le deuil, ...

"De rage et de lumière" et un roman extrêmement touchant et introspectif. A travers ce roman intime, Jeanne Pham Tran nous offre une belle leçon de vie.


En avril 2023, ce roman figure dans la sélection Prix Roman France TV.





L'association de Jack Preger




"De rage et de lumière"

De Jeanne Pham Tran

Éditions Mercure de France - Date de parution : 5 janvier 2023 - ISBN : 978-2715260467 - 216 pages - Prix éditeur : 19,50 €


Sélection Prix du Roman France Télévisions 2023

Finaliste du Grand Prix de Lectrices ELLE




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