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L'inconnue de Bangalore d'Anita Nair

Je le dis tout de suite, j'ai été enchantée par ce roman que j'ai dévoré d'un trait en quatre jours. Je m'y sentais presque faisant partie de l'équipe de ces policiers à essayer de relever les indices, à analyser les ressemblances entre les affaires, ... et à deviner le meurtrier. En tous les cas, le suspens reste entier jusqu'au bout. C'est un roman policier, et cela change de nos séries américaines, allemandes, anglaises françaises, celui là est vraiment à la "sauce" indienne, on y retrouve l'Inde, la vraie, les policiers avec le peu de moyen qu'ils ont en leur possession, la corruption, les transsexuelles, les homosexuels, la prostitution, la pédophilie, les sans-papiers, les trafiquants de drogue, le trafic de faux billets, la magouille politique, le mode de vie indien professionnel et personnel ... L'histoire se situe à Bangalore, la Silicon Valley indienne, située dans l'Inde du Sud. Bangalore est une ville connue car y sont implantées des grandes firmes mondiales et sa croissance est très forte. Par ce livre, cette ville ressemble à une ville indienne comme une autre, une ville du monde comme une autre, loin de son image de carte postale ou de brochure. Borei Gowda alias Muddle ou Bob est un policier qui approche les 50 ans et qui a environ 24 ans de carrière dans la police. Ce n'est pas un flic super sympa ou cool, il est plutôt bourru, souvent de mauvaise humeur notamment le matin quand il n'a pas déjeuné. Pourtant, il a un bon fond et il n'est pas méchant, il est même attachant. Son caractère est sûrement dû au faite qu'il n'a pas forcément eut la vie qu'il aurait voulu.  Sa femme Mamtha est souvent absente car elle est médecin dans un hôpital éloigné. Son fils Roshan est parti pour Hassan afin d'y faire ses études en médecine au DGO Medical College. Les soirs et les week-ends, Borei Gowda se retrouve donc seul dans sa grande maison dans un lotissement nommé Greenview Residency. Pour combler le vide, il y a loué l'étage de sa maison à un couple avec un chien. Sa seule compagnie est Shanti qui vient de temps en temps lui faire la cuisine et le ménage. Ce que Borei Gowda aime avant tout, c'est sa Royal Enfield Bullett, sa moto. Son gros défaut est son penchant pour l'alcool surtout le rhum Old Monk dilué généralement au coca. La force qui lui aidera à surmonter sa vie personnelle lassante et sa solitude est Urmila, son ancien amour de jeunesse de la faculté de St Joseph venue quelques mois à Bangalore et qu'il a pu retrouver grâce à son ami de fac Michael lui-même revenu d'Australie après être devenu veuf. Un adjoint à Gowda, Stanley Sagayaraj était également un ami de cette faculté et travaillant avec lui depuis des années, connaissait tout de son ami, chaque mimique, chaque geste, lisait presque dans ses pensées .... Gowda est un bon flic, qui a pu résoudre pas mal d'affaires et très impliqué dans son travail. Une erreur dans sa carrière l'a mis à la circulation puis il est devenu simple policier sans monter en hiérarchie. Il a du mal à se faire comprendre par ses supérieurs notamment Vidyaprasad, commissaire principal. Heureusement qu'il avait avec lui dans son travail principalement son vieil ami Stanley et Santosh, un tout jeune inspecteur adjoint qui voulait devenir un très bon policier. Gowda et son équipe sont des policiers du poste de police aux environs du village de Nîlagubbi, près d'un lac qui se transformait en marécage en été. Cela faisait 5 ans qu'il travaillait ici, dans ce bâtiment soi-disant provisoire. Depuis quelques temps, des meurtres à répétition se déroulent à Bangalore, et généralement le lien était la strangulation par une corde incrustée de verres pillés modèle cerfs-volants et un coup à la tête par un objet rond. Les victimes n'avaient aucun liens en commun : pharmacien, prostitué, étudiant, serveur, mécanicien, ...  Gowda et son équipe même s'il devait laissé l'enquête à la criminelle ne lassait pas tomber cette affaire grâce à Stanley qui avait fait le forcing à la hiérarchie, mais il y avait aussi une histoire de trafic de faux billets de 100 roupies qu'il fallait absolument résoudre. Gowda par son grand professionnalisme/expérience et celle de ses coéquipiers regroupaient les indices au fur et à mesure du temps mais il chercha LE déclic qui fera manifesté son légendaire 6ème sens. Leur enquête, les mènera un peu partout dans Bangalore, chez des eunuques, chez le député municipal de la circonscription Ravikumar surnommé "Anna" par ses proches et ses hommes de main qui signifie "frère aîné" (qui d'ailleurs avait construit une très vaste demeure dans l'ancien bidonville de Gujri Gunta près de la basilique St Mary) où il vivait avec son bras droit son petit frère Chikka et un grand nombre de personnel. D'autres lieux se dérouleront les scènes de ce livre comme des restaurants, hôtels, terrains avec usine désaffectée ... et bien sûr le poste de police. Mon petit conseil, lisez ce livre quand vous avez le temps, comme beaucoup de romans "indiens" vous avez énormément de mots que l'on ne peut pas traduire en français. De plus, il y a une multitude de personnages, le mieux c'est que vous prenez un petit bloc note où vous noterez les noms des personnages et qui ils sont. Cela pourra vous être utile pour bien comprendre l'histoire et pour la suivre au mieux. En tous les cas, j'ai adoré le nouveau roman d'Anita Nair, j'avais déjà lu "Compartiments pour Dames" qui m'avait laissé une très bonne impression et où elle nous faisait découvrir les différents "types" de femmes indiennes et leurs conditions, mais avec ce roman, l'auteure a mis la barre bien haute, et a fait un excellent travail.



Gajendra pâlit. C'était toujours comme ça quand la tendance de Gowda à la méchanceté remontait à la surface. Il parlait sur un ton suave qui, au lieu de désamorcer la violence intérieure, l'amplifiait. Le brigadier éprouvait une grande sympathie pour Santosh. On avait vu des hommes plus endurcis retenir leur souffle quand Gowda optait pour la douceur.
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Il se passe beaucoup de choses dans votre juridiction. Des Africains en ont fait leur quartier général. Certains sont impliqués dans un trafic de drogue. Occupez-vous de ça. Il y a aussi un consortium de propriétaires de carrières en quête de bons filons qui voudrait qu'on regarde ailleurs. Mettez-y bon ordre. Ça nous fera le plus grand bien, à vous comme à moi. Laissez ces absurdités de tueur en série à la Criminelle.
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"La semaine précédente, quelques jours avant de partir, son fils avait voulu regarder avec lui "Les Experts" à la télé. - ça raconte, comment on mène l'enquête sur une scène de crime aux Etats-Unis, lui avait-il dit sans quitter l'écran des yeux. Dans la série, des hommes et des femmes travaillaient avec un matériel qui tenait plus du laboratoire spatial que de l'officine médicolégale qu'il connaissait. Nos techniciens ont-ils seulement parler de ces procédés ? se demandait Gowda. - Appa, ne me dis pas que ça t'ennuie ! s'était exclamé Roshan. - Tu ne crois tout de même pas que tout ça est vrai ? - Bien sûr que si, c'est vrai !"
page 234


L'inconnue de Bangalore

de Anita Nair

Titre original : Cut like wound

Traduit de l'anglais par Dominique Vitalyos

Editions Albin Michel - Broché - Date de parution : 8 mai 2013 - ISBN : 978-2226246844 - 360 pages - Prix éditeur 22 €

Editions Livre de Poche - Date de parution : 30 avril 2015 - ISBN : 978-2253093046 - 480 pages - Prix éditeur 7,60 €

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