Titre original : Parched Réalisateur : Leena Yadav - Collaboration au scénario : Supratik Sen Produit par Ajay Devgan et Aseem Bajaj Acteurs : Tannishtha Chatterjee dans le rôle de Rani, Radhika Apte dans le rôle de Lajjo, Surveen Chawla dans le rôle de Bijli, Lehar Khan dans le rôle de Janaki, Riddhi Sen dans le rôle de Gulab, Mahesh Balraj dans le rôle de Manoj, Chandan Anand dans le rôle de Rajesh, Sumeet Vyas dans le rôle de Kishan, ... Genre : Drame Nationalité : Indienne Date de sortie française : 20 avril 2016 Date de sa première sortie : 12 septembre 2015 Durée : 1h56mn Musique : Hitesh Sonik Sélectionné au Festival de Toronto en 2015
Bande-annonce de "La saison des femmes" (sous-titre en français)
Quand des femmes du Gujarat se rebiffent contre la fatalité ... De nos jours, dans un petit village rural du Gujarat où la vie y est toujours dominée par des traditions quasi ancestrales et patriarcales - conseil de village, hommes misogynes, mariages arrangées, travaux aux champs et élevage des animaux, ... Pourtant, un petit vent de modernité arrive à s’y engouffrer, mais juste de temps en temps. Il a eu l’arrivée des téléphones portables et peut-être même bientôt l’arrivée d’une télévision. Même certains hommes commence à vivre avec leur temps, à l’image de Kishan, qui a épousé une étrangère et qui à donner du travail aux femmes du village en leur faisant confectionner des produits artisanaux. C'est dans ce village que vivent Rani et Lajjo, deux amies très complices. Rani, une veuve d’à peine 32 ans qui vient d’arranger un mariage à son fils unique Gulab et pour lequel elle s'est endettée pour payer la dot. Son fils de 17 ans est pourtant loin d'être un enfant modèle et mature, il aime l'alcool, la bagarre et les prostituées. Ce mariage arrangé avec Janaki ne va pas forcément l'assagir, au contraire. Quant à Lajjo, son problème majeur est qu’elle n'arrive pas à concevoir d'enfant et essuie quotidiennement les coups de son mari alcoolique. Comment les autres années, un spectacle itinérant s'installe aux abords du village. Y travaille une vielle connaissance de Rani, Bijju, qui a un métier peu reluisant pour une femme, celui de danseuse mais également celui de prostituée. Toutes les trois subissent la suprématie masculine établie par la société indienne et vont se soutenir mutuellement pour avancer dans la vie, dans leur vie.
La critique Dans "La saison des femmes", dont le titre original de "Parched" signifie "assoiffées, desséchées", la réalisatrice Leena Yadav a tracé le destin de trois femmes persécutées par des hommes : mari, fils ou patron. Chacune avec son fardeau à porter. Pour Rani (Tannishtha Chatterjee), son problème ne provient pas de son veuvage qui a eu lieu très tôt, c'est-à-dire quelques années à peine après son mariage et qui, dans d'autres régions indiennes, lui prévaudrait d'être reniées de la société. Au contraire, son veuvage lui a été bénéfique, il lui a permis de vivre librement sans les coups et le dictat d'un mari. Aujourd'hui, en voulant marier son fils, Rani suit simplement les règles traditionnelles même si elle connaît le choc pour une jeune femme de quinze ans d'être arrachée à sa famille pour vivre sous un nouveau toit au service de la maisonnée, d'une belle-mère loin d'être tendre et pour assouvir les pulsions sexuelles d'un mari. Mais ce mariage pour lequel Rani s'est endettée et hypothéquée sa maison, ne lui apporte pas la tranquillité espérée et une bru à son service. Son fils Gulab ne veut pas assumer les devoir d'un époux et reste un jeune homme qui préfère s'amuser avec ses amis et à faire des bêtises. Gulab sera la copie conforme de son père, rentrant alcooliser, pas toujours assouvie par des prostitués pour lesquels il s'endettera et se défoulera en battant son épouse. Quant à Lajjo (Radhika Apte), elle est accusée, sans doute à tort, d'être stérile et est constamment battue par son mari toujours alcoolisé. Bijli (Surveen Chawla), à l'inverse de Rani et Lajjo, est une femme qui donne son corps aux hommes en dansant sur une scène pour un public masculin et en se prostituant. La sexualité n'a aucun secret pour elle, faisant découvrir à ses amies un vocabulaire inconnu et une autre vision de la vie. Mais la période glorieuse est sans doute passée pour Bijju, finit le temps où elle pouvait jouer les divas et répondre à son patron. A son âge, elle risque même de se détrôner par de la chair plus fraîche. Pourtant dans la réalité, les femmes indiennes paraissent totalement différentes que dans le film et il est intéressant de les découvrir sous une nouvelle facette. En réalité, on les perçoit pudiques, ravalant leur fierté, mettant de côté leur féminité, subissant les hommes et ne parlant jamais de choses intimes. Dans "La saison des femmes", un film à la fois dramatique et drôle avec ses scènes cocasses, le spectateur découvre ces femmes entre elles, osant parler de sexualité et même de leurs problèmes intimes. Une intimité facilitée par leur grande amitié et par une confiance réciproque. Le personnage de Bijju -un personnage atypique, philanthrope et pourtant si sensible-aidant énormément à lever les tabous et ainsi effacer une partie de la naïveté possédée par Rani et Lajjo.. Dans "La saison des femmes", les hommes sont dépeints sous leur plus mauvais angle, là-aussi sans aucun tabou. On les voit alcooliques, violents, avec une libido démesurée, phallocrate, ... Je pense que Leena Yadav voulait réveiller les consciences sur la réalité des choses. Bien évidemment, dans ce film, nous voyons également des hommes au grand cœur. De plus, le film a été coproduit avec Ajay Devgan, un acteur réalisateur et producteur indien de Bollywood, preuve qu'il existe des hommes en Inde qui souhaite réellement une évolution des mentalités. Ce que l'on apprécie également dans "La saison des femmes", c'est cette magnifique immersion dans la campagne indienne, avec ses fabuleux paysages, les décorations des maisons, la beauté et les couleurs des vêtements et des safas (turbans), les bijoux, ... En visionnant ce film, j'ai adoré ses musiques : traditionnelles ou un brin Bollywood lors de certaines scènes où apparaissent Bijju. Il a été aussi judicieux par Leena Yadav, d'associer ce fillm a la fête de Dussehra qui fête la victoire de Rama sur le démon Ravana. Certaines scènes peuvent paraître violentes, mais en contrepartie certaines sont vraiment très drôles. "La saison des femmes" est un film fabuleux et pour lequel nous ne pouvons pas rester indifférent(e). Ce film de Leena Yadav qui nous montre les différentes formes d'oppressions que subissent les femmes, est une ode à la défense des droits des femmes dans une société aussi patriarcale que l'Inde rural. En preuve, les difficultés rencontrées par la réalisatrice lors du tournage face à ces hommes qui n'acceptent pas qu'une simple femme puisse dirigé une équipe technique composée d'hommes, ne se couvre pas la tête et ose troquer les habits traditionnels pour des pantalons. A ce jour, il n'est même pas certain que ce film soit diffusé sur les écrans de cinémas indiens, la vérité ne peut pas toujours plaire. "La saison des femmes" est une belle leçon de courage pour toutes ces femmes à travers le monde qui rêvent de bonheur et de liberté. Que tradition ne doit plus signifier fatalité. Leena, Rani, Lajjo et Bijju nous apportent un magnifique rayon de soleil.
Le film est sorti en France le 20 avril 2016.
A propos du Gujarat
Le Gujarat est un État Indien qui se situe au nord-ouest de l'Inde. Il est bordé au nord par le Pakistan, au nord-est par l'État du Rajasthan, à l'est par l'État du Madhya Pradesh, au sud-est par l'État du Maharashtra et au sud-ouest par la Mer d'Oman. Le Gujarat est connu pour être le fief du BJP (parti de droite nationaliste hindoue) et de Narenda Modi, actuel Premier Ministre de l'Inde. Gandhi et Patel (leader nationaliste) sont également originaires de cet État. Le Gujarat est également connu pour être un État où l'alcool est prohibé (contrairement à ce que l'on voit dans ce film) et où l'on compte le plus de végétariens en Inde (80 %). Le Gujarat s'est également fait connaître pour deux catastrophes : un tremblement de terre en 2001 et de violents troubles intercommunautaires qui ont eu lieu en 2002. Le Gujarat est l'un des États les plus prospères de l'Inde et le premier producteur de lait du pays.
Petits secrets du film (source Allociné)
- Le film n'est pas encore sorti en Inde et sa sortie est encore incertaine. En effet, le film devant être visionné et validé par un comté de censure. Sauf, que le film ne plaît pas à tout le monde, surtout pour son côté féministe. - C'est un véritable village qui a inspiré Leena Yadav pour son film. La réalisatrice raconte : "Situé au nord-ouest de l’Inde, ce territoire reculé aux paysages impressionnants abrite deux millions d’habitants, répartis en petites communautés. La population est régie par d’anciennes "normes" patriarcales décrétées par le conseil du village, composé en grande partie d’hommes". Dans le film, le village imaginaire s'appelle Ujhaas et une langue a même été inventée, mélangeant l’hindi à un dialecte local, le kutchi, la langue du district du Kutch qui se situe à la frontière avec le Pakistan. Le kutch est ressemblant au sindhî, la région voisine pakistanaise du Sindh. - Pour la réalisatrice, ce film est très clairement destiné à défendre les droits des femmes et a été filmé comme une réaction aux différentes formes d'oppression dont elles sont victimes. La réalisatrice a ainsi voulu donner la parole à des femmes de fiction afin de mettre en lumière et défendre les femmes qu'elle a rencontrées. L'histoire d'une femme en particulier l'a touchée : celle de Rani, veuve à 15 ans et dont la vie a été consacrée uniquement à l'éducation de ses enfants. - Leena Yadav a connu des difficultés pour trouver des villages qui accepteraient de servir de décors à La Saison des femmes. "Lors de nos repérages pour les scènes en extérieur, nous avons visité une bonne trentaine de villages (...). On nous a interdit d’y tourner, car les villageois n’approuvaient pas qu’une femme (moi, en l’occurrence) dirige une équipe, porte des pantalons, ne se couvre pas la tête et parle ouvertement aux hommes", raconte la réalisatrice. "Contre toute attente, ce sont les hommes de la jeune génération, ceux qui sont aux commandes aujourd’hui, qui ont eu le plus de mal à accepter une femme émancipée comme chef d’équipe". http://moveablefest.wpengine.com/
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