Ce livre se compose de 3 nouvelles, la première, l'histoire se situe à Genève en Suisse et les deux autres en Inde, l'une dans l'Etat de l'UP (Uttar Pradesh) et la deuxième dans le Sud aux confins du Karnataka et du Kerala. Je trouve que dans chacune, on y retrouve une personne qui paraissait dans un premier temps calme et qui finit par monter toute son exubérance voire sa folie.
LE CUISINIER
Marcello Tocinelli est un chef de cuisine réputé à Genève et a derrière lui une grande et belle carrière. Il a hérité du restaurant "Le Chaudron à Quatre Pas" de son beau-père et dirige l'affaire avec sa femme et l'une de ses filles Graciella, l'autre travaille dans un autre établissement. Marcello est fils d'un braconnier italien et aime beaucoup la chasse.
Mais un beau jour, il surprend deux conversations, l'une de sa femme avec un client qui déclare qu'à Genève il y a des ennemis qui veulent entâcher la réputation du restaurant mais pire la deuxième est celle de sa femme et sa fille Graciella au sujet d'un plan contre lui.
Pour le lecteur au début tout parait normal, on sent que Marcello est irrité par ce qu'il vient d'entendre, on continue le récit avec lui dans sa cuisine a mijoté des plats mais pour autant il veut savoir ce qu'il se passe exactement. Mais au fur et à mesure, il devient bizarre, tient des propos incohérents devant ses fourneaux comme par exemple en parlant d'un potage "L'essence d'une créature vivante capturée dans de l'eau ordinaire. Un vrai miracle.". La conception des plats deviennent aléatoire, il s'amuse que les plats contiennent des cadavres, il retrouve son instinct de chasseur et veut mettre en avant leur âme et là le doute s'installe sur les compétences de ce chef de cuisine. Et c'est au lecteur de comprendre l'objet du complot mais plutôt de l'inquiétude de son épouse et de ses filles.
LA BELLE
Renuka est particulièrement sensible à la beauté du monde. Un jour arrive dans sa classe une belle fille du nom de Mandakini qui impressionne et intimide les autres par sa beauté. Elle devient la meilleure amie de Renuka, qui elle ne se trouve pas belle. Aux vacances scolaires, Renuka retourne auprès de son père et sa grand-mère à Bangalore et y ramène sa camarade de classe car pour cette dernière il n'est pas question de retourner voir ses parents qui sont occupés en Europe. Bien évidement, le père de Renuka, veuf et tombant régulièrement amoureux de toutes les femmes qu'il croise, se retrouve charmé par la beauté de Mandakini, au point d'accepter la demande de cette dernière, de se rendre dans un bar branché. Là, Renuka commence à apercevoir le vrai visage de sa camarade, charmeuse, et prête à tout pour assouvir ses envies, et restera juste le témoin d'une profanation.
LES DORMEURS
Voici l'histoire d'un adjoint au préfet, qui en 1998, au dernier jour de sa tournée dans un district au contrôle du système des eaux et des canaux de la zone littorale, devait se rendre dans un village en dernière minute suite à un litige compliqué.
Ce village était Purandaru, un village qui n'a pas été inspecté depuis 10 ans et notre fonctionnaire y arriva pour y passer la nuit. Mais ce qu'il va y découvrir le marquera à vie. Déjà le village à l'air à l'abandon ainsi que les champs alentours, les habitants malgré leurs habits de fêtes ont l'air fatigué et sont sales, les détritus s'amoncellent partout. Il découvre qu'une fête religieuse a lieu pour Devi afin qu'elle apporte la pluie et il n'est question pour aucun hindou de rater cette fête qui durer toute la nuit comme les jours suivants, le prêtre a tout le monde à l'oeil. Mais ce village posséde aussi une église, et beaucoup d'habitants se plaignent de celle-ci et du prêtre. Notre fonctionnaire fera la connaissance avec ce dernier, qui paraîtra en premier lieu, un homme posé et réfléchi, mais qui montrera très vite ses faiblesses et surtout sa folie.
Conclusion
Personnellement, même si l'auteure a trouvé toute l'imagination nécessaire pour écrire ces histoires assez originales notamment la chute qui transpose la folie humaine dans son paroxysme, j'ai malgré tout trouvé ces nouvelles quelque peu ennuyeuse. Peut être la faute à la première où je me suis retrouvé en Suisse et en plus dans un restaurant. Ces deux derniers éléments sans compter le faite que j'avais l'impression que la nouvelle n'en finissait plus, ont été les facteurs déclanchants de ma monotomie. Sans doute, ces nouvelles conviendront à d'autres personnes, ce que je n'en doute pas.
La seconde étape pour extraire la saveur de la chair, c'était la marinade. Marcello croyait fermement à l'importance de la marinade, même si certains cuisiniers y avaient renoncé. Maintenant il comprenait la raison. La marinade invitait les sucs intimes du poulet à se diffuser. Tout guilleret, il prépare une simple marinade d'huile, vin, aromates, ail et zestes d'oranges, dont il recouvrit les poulets. L'orange et l'ail allaient, chacun pour sa part, faire ressortir la suavité et la passion de la volaille, tandis que le vin purifierait les saveurs. L'huile était le grand sympathisant, lui qui réconciliait l'âme de l'oiseau avec ses nouveaux partenaires.
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- C'est une sorte de champignons préférés des chasseurs. Et tu sais pourquoi ? Elle fit non de la tête. Parce ce qu'il y a tellement d'espèces sœurs, parmi les amanites. Certaines sont mortelles, d'autres délicieuses, d'autres hallucinogènes, comme l'amanita muscaria. Jadis, elles étaient consommées par les Anciens pour entrer directement en contact avec Dieu. L'amanita caesarea, au contraire, est un champignon succulent, et un mets de choix pour tout chasseur. Mais les moins avisés d'entre eux la confondent souvent avec sa sœurette, l'amanité phalloïde, et meurent dans de mystérieuses circonstances.
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C'est alors, que raconta mon père, qu'il se convainquit que Dieu devait être une espèce de charpentier. Tout le jour, il s'affairait à réparer, reconstruire, arranger, protéger ce monde turbulent qui est le nôtre. Mais parfois, il lui arrivait de se reposer et de faire quelque chose pour le plaisir, de créer quelque chose d'inutile. Du moins pour le monde qui est le nôtre. Quelque chose de Lui qui procurerait de la joie. Comme cet écureuil. Qui devait être différent de sa femelle. Et aussi impressionner, attirer l'attention de sa belle. Mais cela ne nécessitait pas forcément une beauté si incroyable, une beauté à couper le souffle. Ce petit plus, c'est le bon vouloir de Dieu, un signe pour nous rappeler que Lui existe, et qu'il est de notre devoir de préserver et de protéger ce qu'il a construit pour nous et avec nous.
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Ainsi donc l'arrivée du sahib avait été éclipsée par un théâtre ambulant ! Je ne pus m'empêcher de sourire. Puis je remarquais que toutes les femmes portaient leur mangalasutra et leurs bracelets, du sîndur à la raie des cheveux, ainsi que des plateaux couverts de noix de coco, de fruits et de fleurs, surmontés de guirlandes fraîches. Je me dis alors que devait plutôt se tenir, ce soir-là, une cérémonie locale - une puja en l'honneur de quelque divinité du lieu. Mais, contrairement aux hommes, on ne sentait aucune joie dans l'allure des femmes, ni rien dans leur regard annonçant la joyeuse anticipation d'une nuit d'offrandes à la divinité. En fait, leurs visages étaient étrangement inexpressifs. Et leurs brillants atours étaient ternis par un laisser-aller évident.
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Le Cuisinier, la Belle et les Dormeurs
De Radhika Jha
Titre original : Between the Raw and the Cooked, Beauty, Sleepers
Nouvelles traduites de l'anglais (Inde) par Simone Manceau
Editions Philippe Picquier (Août 2008) - 303 pages - ISBN : 978-2809700831 (poche) ou 978-2877308007 (broché) - Neuf : 8 € en version poche ou 18,80 € en version broché
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