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"Un dieu à soi" de Juan Pablo Meneses



Mais cette histoire est aussi celle de mon cheminement pour me défaire d'une maladie inoculée par mes années de journalisme, une maladie qui consiste à ne pas croire, à se méfier, à suivre un karma selon lequel "rien n'est ce qu'il semble être, tout ce qui est dit cache autre chose.". Ou encore pour me défaire du confort de la société de consommation. [Page 105]

Fuyant un poste de rédacteur en chef, une relation sentimentale languissante et ayant réuni assez de jours de congé, Juan Pablo Meneses décide d'aller en Inde.

Après avoir adopté une vache et un enfant footballeur, il a décidé d'adopter un dieu mais pas n'importe lequel, un dieu oublié, non vénéré, un dieu à soi, pour ainsi fonder sa propre religion.

Sa pérégrination en Inde lui permettra de trouver le dieu qu'il espérait tant, même si ce dieu lui est venu de façon étrange. Au retour dans son pays, le Chili, il décide de continuer sa mission car il souhaite créer une Église à la façon d'une start-up et inaugurer sa religion à New-York en plein black-friday.

Quels seront les répercussions sur Juan de cette recherche ? Arrivera-t-il à atteindre son objectif sans l'aide de Dieu ?


J'ai d'abord été stupéfait. J'étais sur le point d'avoir mon propre dieu, ce à quoi je ne m'attendais pas. Tant de journées passées à Bénarès, tant d'après-midi de bières, de lassis, de délire, de Gange, de morts, de fêtes de saints, de dieux, de ferveur, de pauvreté, de tourisme, de gens, de fumée, de cendres, d'odeurs, de bruit, de chaleur; de singes, d’anachorètes, de gourous, de vaches, de types la peau sur les os, de pleurs, de bouse, de couleurs, de fakirs, de drogues, de repas, de maladies, d'infirmes, de feu, de soif, de barbes, d'éclats, de tatouages, de plaies, de joyaux, de tuniques, et un dieu, un dieu auquel fallait maintenant donner un prix. [Page 146]

"Un dieu à soi" est le troisième volet d'une trilogie de "cash investigation" écrit par Juan Pablo Meneses. Après avoir acheté en Amérique du Sud une vache dans "La vie d'une vache" et un enfant footballeur dans "Le prodige", vous l'avez compris l'auteur chielien, qui est avant tout journaliste pour de grands magazines et de journaux en Amérique du Sud et qui est le créateur du mouvement de "journalisme cash" qui est une nouvelle forme de journalisme, une nouvelle façon de mener une investigation, a décidé d'adopter un dieu dans le pays au million de dieux, l'Inde.

"Un dieu à soi" offre une lecture originale, à la fois drôle et étonnante mais qui ne manque pas de sérieux, bien au contraire. D'un certain point de vue, cette lecture peut inquiéter, tant il peut être facile de créer, bien évidement dans l'optique de générer du profit, grâce à une sacrée dose de culot et avec un grand coup de pouce de la fée technologie. Du Chili aux États-Unis (la Silicon Valley et New-York), en passant par l'Inde, Juan Pablo Meneses nous offre une enquête intéressante sur les humains face à la religion, peu importe la confession et par la même occasion, l'auteur chilien nous fait prendre conscience à quel point le monde dans lequel nous vivons est accéléré, connecté et monétisé ; peu importe le continent dans lequel nous évoluons.

"Un dieu à soi" est un livre qui peut se lire indépendant des deux précédents et se révèle assez addictif. C'est une lecture déroute, une véritable prise de conscience, une réflexion alliant sociologie, anthropologie et journalisme.

Le passage sur l'Inde est également fort intéressant à lire.



"Un dieu à soi" de Juan Pablo Meneses

Titre original : Un dios portátil

Traduit de l'espagnol par Guillaume Contré

Editions Marchialy - Date de parution : 25 janvier 2023 - IS B N: 978-2-38134-033-3 - 436 pages - Prix éditeur : 24 euros



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