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"L'Héritière du Lotus rose" de Kate McAlistair



J'ai le même amour pour l'Inde. Je la trouve magnifique et plurielle, souvent difficile à vivre, mais tellement magique. Ils burent leur avec lenteur, et tandis qu'elle écoutait de toute son âme, de tout son cœur, il parla du jardin qui dégoulinait de pluie au moment de la mousson, des palmes presque trop vertes déployées vers la terre devenue un torrent de boue, et des minuscules ruisseaux qui couraient vers le Gange en emportant tout sur son passage. Il parlait des singes qui se protégeaient sous les feuilles larges, des rats qui déversaient en marée brune dans les rues transformées en rivières. Des saris roses et orange abrités sous des parapluies noirs. Des fleurs de lotus perlées de pluie. Du printemps éclatant, de l'herbe redevenue grasse après l'été poussiéreux, âcre, desséché. Du vol incessant des guêpiers qui creusaient leurs nids dans les rives du fleuve. Des pêcheurs qui jetaient leurs filets dans la lumière du soir. Des embarcations de toutes les tailles qui traversaient l'Hoogly en ballet charmant. Et puis, surtout, de l'empreinte immense du premier tigre de sa vie, trouvée au pied d'un cabanon où vivaient seuls une paysanne et ses six enfants.





Août 1939 ...


Milo est un jeune officier britannique qui vit aux Indes. Alors que la guerre gronde en Europe, il est envoyé en mission en Argentine. Il doit enquêter sur une possible extension du nazisme en Amérique du Sud et doit mener, en toute discrétion, des investigations sur les terres d'un puissant éleveur de bovins dans la pampa, dont la propriété jouxte celle de Jan Lukas, le meilleur ami du père à Milo, éleveur de criollos.


Dès son arrivée en Argentine, il croise régulièrement à Buenos Aires, une jeune fille nommée Lián et qui fait rapidement balancer son cœur. Il apprendra quelques jours plus tard, alors qu'il loge chez Jan et Jezebel, dans "La Balandra" au bord du Rio de la Plata, que Lián est leur fille et que son vrai nom est Mary-Leela. Cette dernière est courtisée et même violentée par l'ignoble fils du voisin, le même voisin que Milo doit surveiller. Après plusieurs péripéties qui ébranla la quiétude de "La Balandra", par sécurité, Jan et Jezebel décident, le cœur lourd, que Lián doit aller aux Indes, chez sa marraine Olga qui vit à Calcutta. Elle s'y rendra sous la bonne escorte de Milo dont la mission en Argentine est terminée.


Mais de l'Inde, Lián ne se souvient de rien : ni de son histoire, ni de Calcutta, ni qu'elle est la nièce du maharadja de Mahavir. Un nouveau monde s'ouvre à elle, d'autant plus qu'elle sera séparée de Milo, qui, depuis le début de la guerre, ne quitte guère le Fort William. Mais Lián a la même fougue que sa mère Jezebel. Aux mondanités, elle préfèrera s'aventurer à Calcutta, quitte à se mettre en danger.



"L'Héritière du Lotus rose" est le troisième roman de Kate McAlistair et le dernier volet de sa trilogie indienne qui a débuté avec "La Vallée du Lotus rose".

Alors que les précédents volets se terminaient au début des années 1920, "L'Héritière du Lotus rose", transporte son lecteur en 1939, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale pour continuer durant le conflit. Après nous avoir fait voyager aux quatre coins du monde : l"Inde le pilier de la trilogie, Singapour, la Turquie et la côte est des États-Unis, pour ne citer que quelques lieux, "L'Héritière du Lotus rose" débute en Argentine avant de continuer dans l'est de l'Inde. Une fois de plus la romance est omniprésente. Cette fois, le lecteur ne suit plus l'histoire d'amour entre Jezebel et Jan, même s'ils nous les retrouvons dans le roman, mais celle de leur fille Mary-Leela surnommée Lián avec Milo, un officier britannique qui a grandit en Inde. Leur histoire d'amour est naissante, hésitante mais évoluera au fil du roman. Les deux jeunes gens prendront leur temps avant de passer aux étapes supérieures, car avec la guerre, Milo brillera par ses absences. Mais dès qu'ils se retrouvent, leur romance est rapidement dominée par leurs aventures rocambolesques qui auront lieu d'abord en Argentine, puis en Inde, avec l'omniprésence, en arrière plan, de la Seconde Guerre Mondiale dont les remous parviendront jusqu'à Calcutta. Les protagonistes de "L'Héritière du Lotus rose" sont très intéressants et surtout très attachants. Lián, que nous avons connu petite dans les précédents romans, a grandit dans la pampa d'Argentine, auprès des cheveux et dans une famille aimante et soudée. Elle a hérité de la bonté, de la force, de la simplicité et de la générosité de ses parents. En Argentine, Lián jouissait d'une certaine liberté et pouvait s'adonner à des activités plutôt masculines comme le polo. Elle y pratiquait également le tango. En Inde, sa vie sera radicalement différente. Calcutta est un plus petit terrain de jeu pour la jeune femme qu'est devenue Lián et les dangers sont bien plus nombreux qu'en Argentine. Mais Lián est une tête brûlée, comme l'a été sa mère, quelques années auparavant. Elle n'hésitera pas à s'aventurer, au grand damne de sa marraine Olga et de son oncle le maharadja de Mahavir, qui sont d'ailleurs mariés depuis le précédent volet. Mais sa vie à Calcutta, lui fera découvrir ses origines que lui ont toujours caché ses parents. Comment réagira-t-elle en découvrant son histoire ? Concernant Milo, il est de la même trempe que les Lukas, c'est un aventureux, une bonne âme et il ne voit pas l'Inde comme un colonialiste.


Comme pour les précédents volets, Kate McAlistair ne fait pas que raconter une histoire dans "L'Héritière du Lotus rose" . Elle essaye d'imprégner au maximum son lecteur dans son roman en lui proposant de découvrir l'univers où évolue ses protagonistes en apportant nombre de détails, vraiment appréciables. Kate McAlistair parle comme une professionnelle de polo, d'aviation, de l'élevage des criollos et de bœufs argentins, ... Elle reste fidèle à l'époque et n'a pas hésité à inclure dans ce roman des mots en langue originale, comme font les auteurs indiens. Ceci permettant d'apporter un touche encore plus importante d'authenticité.

Avec "L'Héritière du Lotus rose", Kate McAlistair prouve une nouvelle fois qu'elle est une auteure de talent, qui veut apporter bien plus qu'une simple histoire à ses lecteurs.

Les trois volets du Lotus Rose allient avec brio, romance et aventures, magnifiées par le souci du détail de l'auteure. Ce sont des romans pour lesquels nous ne pouvons qu'avoir du plaisir à les lire. Même si "L'Héritière du Lotus rose" met fin à une sublime trilogie, il pourra devenir le début d'une magnifique carrière d'écrivaine pour Kate McAlistair que l'on espère retrouver très vite.


Autant que quiconque a vécu en Inde, je crois, répondit-il en la regardant. Vous savez, là-bas, il est impossible d'échapper à cette atmosphère mystique qui se dégage de tout et n'importe quoi, d'un simple endroit, d'un bosquet de figuiers, d'une ruine en bordure du Gange et jusqu'à la couleur des saris. J'imagine que cela a fatalement déteint sur moi, avec d'autant plus d'importance que mon père, à la mort de ma mère, n'a plus jamais cru en rien. [Page 139]

 

L'Héritère du Lotus rose

De Kate McAlistair

Éditions L'Archipel- Date de parution : octobre 2020 - ISBN : 9782809839579 - 541 pages - Prix éditeur : 23 €



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