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Arraché à la terre ancestrale, son corps a survécu. Par contre, si Dieu et les miracles, tout ce qui a trait au surnaturel n'existent pas, comment son esprit pourrait-il continuer à vivre ? Maintenant Punnodashi voit affleurer des signes divins dans les moindres phénomènes. Et ce qu'elle voit la terrifie. Mais à l'effroi se mêle un sentiment de joie sereine. Ce char qui lui est apparu, c'est celui qu'elle voyait chaque année. Cette apparition suscitée par la crainte de perdre ses yeux, Punnodashi médusée pense qu'elle relève du prodige. C'est comme si Dieu lui révélait ce qui l'attend : "Punno, tu vas mourir sous les roues d'un char." [Page 162]
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"Le Char de Jagannath" est un recueil de dix nouvelles de l'auteure bengalie Mahasweta Devi. Ces nouvelles, centrée sur des personnages féminins, transportent son lecteur au Bengale, dans l'est indien. Comme dans "Indiennes, Rudali et autres nouvelles", Mahasweta Devi nous fait rencontrer des femmes bengalies de différentes castes. Qu'elles soient d'origines rurales ou tribales, ou d'un milieu un peu plus aisé, à un moment donné dans leur vie et malgré les combats qu'elles ont déjà menés par le passé, elles sont confrontées à un problème majeur. Femmes courages, femmes fortes et femmes insoumises, mères, elles sont alors amenées à prendre une décision importante, quitte à tout abandonner pour refaire leur vie. Une fois de plus, Mahasweta Devi nous offre à travers ce recueil, des nouvelles intemporelles, illustrées par des femmes incarnant la diversité de la condition féminine en Inde.
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La Saga de Kagaboga Depuis près de seize ans, Mohini et et Sadananda, ne s'adressaient plus la parole. Quand ils avaient quelque chose à se dire, c'était par l'intermédiaire de l'invisible Kagaboga. Mohini et et Sadananda, liés depuis l'enfance, ont deux fils, le fils cadet est une fripouille et l'aîné ignore ses parents. A plus de soixante-dix ans, face à l'indifférence de leurs fils, ils décidèrent de vendre des lopins de terre pour enfin pouvoir vivre confortablement.
Une histoire d'amour Onze jours que le malheur avait frappé Kusum. La bulle de bonheur dans laquelle elle vivait avec l'écrivain depuis près de trente ans, vient d'exploser. Un hommage pour l'écrivain, auteur de pièces de théâtre doit être rendu et les organisateurs veulent que Kusum chante, comme autrefois. L'anniversaire Comme chaque année, pour l'anniversaire d'Onkour, Aditi veut impressionner ses invités. C'est donc le branle-bas de combat dans sa maison. En apprenant que sa domestique, la mère de Bischou, n'est pas là pour le service, ni le lendemain pour remettre la maison en ordre, elle entre dans une rage folle. Mais s'est-elle une fois intéressée à ses domestiques ?
Girabala Dans la communauté de Girabala, il faut verser une dot pour obtenir une femme en mariage. Pourtant, c'est au paresseux et beau parleur Aulchand, que son père l'a offert. Malgré tout, Girabala accepte cet époux imprévisible et fonde avec lui une famille. Girabala a beau travailler dur, l'argent amassé n'est pas suffisant. C'est alors, qu'Aulchand, sur les conseils d'un ami, a une idée qui ne va pas plaire à Girabala.
La mère de Jamunabati Les parents de Jamunabati ne sont pas utiles dans ce bas-monde, comme leur petite Jamunabati. La mère de Jamunabati rêve d'acheter des choses futiles, notamment pour sa fille, mais ils n'ont pas les moyens, même pas pour nourrir la petite fille. Alors lorsque la maladie frappe à leur porte ... Jashoda Amodi est la mère de lait du fils de Shomaddar. Ce bébé sans défense est devenu un leader politique. Amodi espère pouvoir récupérer le petit bassin d'élevage de poissons qui lui a été extorqué afin de pouvoir donner un travail plus décent à son fils. Pour y arriver, elle veut adresser sa requête au fils de Shomaddar. La femme du poète Le Tarun Sangha organise, depuis de nombreuses années, des manifestations pour honorer des gens de talent. Les organisateurs choisissent de mettre chaque année en vedette un écrivain, un artiste, un chanteur et un sportif. Cette année-là, les gens de talent d'autres régions ne sont toujours pas intéressées à venir. Le seul écrivain disponible à proximité est un poète aveugle Suprabhat Dutta Chouthury mais ce dernier, trop malade, ne peut plus se déplacer. Il envoie donc son épouse le représenter.
Le Char de Jagannath
Punnodashi et son mari sont livrés à la mendicité alors qu'à leurs âges, ils pourraient être pris en charge par leur fils. Mais leur fils est décédé, et le couple doit vivre avec leur belle-fille acariâtre et leur petite-fille. Chacune travaille à l'hôpital et se plaint de ne pas avoir les moyens de subvenir aux besoins des ainés. Cette situation est intenable pour Punnodashi, d'autant plus qu'elle commence à perdre sérieusement la vue. Elle est tellement dépitée, qu'elle rêve de se jeter sous les roues du char de Jagannath.
Talaq
Kulsum et son mari Arshad ont une belle vie. Certes ils ne sont pas riches, mais ils vivent heureux, d'autant plus que leur fils unique a réussi dans la vie. Pourtant dans un accès de rage, Arshad prononcent trois fois le mot "talaq". Kulsum, pleine de rage, quitte la maison.
Maman, la nuit. Déesse, le jour.
La mère de Sadhan Kandori, Jati Thakurni est décédée. Elle qui était une déesse le jour et une mère la nuit, laisse son gros bêta de 30 ans sans sa maman.
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"Le Char de Jagannath", tout comme l'est "Indiennes, Rudali et autres nouvelles" est un excellent recueil de nouvelles. Elles sont intenses, bouleversantes et offrent de belles leçons de vie. Ce sont des histoires où des femmes, jeunes ou âgés, qui ont vu, un jour, débarqué au seuil de leur porte, des évènements qui ont chamboulé leur vie. Des femmes courages qui gardent la tête haute malgré les aléas de la vie, sans geindre des douleurs qui les assaillent, du mauvais coup du destin. Ce recueil est également une invitation à découvrir la culture bengalie.
"Le Char de Jagannath", offre de beaux moments de lecture comme ne sait qu'offrir que peu d'écrivains. A aucun moment, les nouvelles ne manquent de matière, ne font l'impasse sur des éléments importants de l'histoire. Leur dosage est parfait.
Les gens sont dévorés de curiosité. Dans la cour de Sadhan, une misérable cour en terre battue, s'est rassemblée une foule de voisins. Une foule énorme comme si un auguste personnage bien au-dessus du commun des mortels était en train de mourir, et non une infortunée pauvre femme de basse naissance. [Page 207]
Le Char de Jagannath
De Mahasweta Devi
Traduits du Bengali par Claude Basu
- Kagaboda gitika, 2004
- Bhalobasha, 2004
- Janmadin, 1991
- Giribala, 1986
- Jamunabati'r Ma, 1982
- Joshomoti, 1982
- Kobipotni, 2004
- Jagannather Rath, 1982
- Talaq, 2004
- Shaanjh-Shokaaler Ma, 1982
Éditions Actes Sud - Collection : Lettres indiennes - Parution en novembre 2012 - ISBN : 978-2330012731 - 240 pages - 22 €
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