Commençons par le nom du roman en France : Mother India. Pourquoi ce titre ?
Mother India, la mère patrie qu'est l'Inde pour les Indiens du monde entier ; ou l'engagement d'une mère de famille qui peut être illettrée et le restera pour le bonheur et l'éducation de ses enfants ; ou l'histoire de Mîra, une femme qui couve son unique enfant de son amour le plus fort.
Ce roman écrit à la première personne du singulier est un mélange entre une biographie et une lettre qu'une mère du nom de Mîra dédie à son fils unique Ashvin. Ce récit débute justement lorsque cet enfant est encore allaitée par sa mère.
Commence alors un retour dans le passé où tout débute durant une chanson entonné par Dev, le père d'Ashvin, lors d'un concours de chant lors du 5ème anniversaire de la République indienne en 1955 à Delhi. Dev était alors le flirt de Roopa la sœur aînée de Mîra alors que Mîra n'était qu'une couverture pour cette dernière pour rejoindre son petit copain.
Mîra trouva très vite quelque chose d'attirant chez Dev et profita de se faire remarquer auprès de lui lorsque sa soeur aîné le quitta car elle a eut un fiancé choisi par ses parents.
Mîra et sa soeur Roopa étaient les premières filles d'un homme lettré vivant une vie confortable. Leur père avait des idées modernes, peu amateur des traditions religieuses, très engagé politiquement et vouant presque un culte aux différents dirigeants politiques indiens : Gandhi, Nehru et Indira Gandhi.
Dev quant à lui vivait dans une très modeste et petite maison au bord d'une voie ferrée, après que ses parents et le reste de sa famille avaient fuit le Pakistan durant la Partition. Dev rêva de se faire une place dans le milieu musical et de rejoindre Bombay pour y percer. La famille de Dev était plutôt conservateur et très proche des traditions et surtout engagé politiquement dans un groupe politique HRM qui conteste les différents dirigeants politiques que connût l'Inde durant ces nombreuses décennies.
Mîra et Dev se marieront, vivant énormément aux crochets du père de Mîra qui fera tout pour que sa fille ne devienne pas simple femme au foyer mais qu'elle reprenne ses études et ne dépende pas de son époux en ayant son propre travail. Une raison valable pour Mîra et Dev de demander toujours plus d'argent auprès de lui afin qu'ils puissent quitter la maison familiale exiguë de Dev à Delhi et habiter Bombay.
Mais leur vie sera semée d'embûches, d'illusions ... Une vie également bercée par quelques unes des grandes pages de l'histoire indienne.
Se rejoindra le passé et le présent par ce récit avec une multitudes de personnages. Mîra confira des moments parfois très intimes et très détaillés sur sa vie à son fils.
Une histoire originale avec un fil conducteur suivi tout le long du roman liée à des événements marquants de l'histoire de l'Inde, des personnages attachants et des sujets difficilles : la Partition, l'avortement, l'alcoolisme, les couvre-feux, l'éducation des femmes ... En lisant le livre, on pourrait imaginer que l'auteur est une femme à tel point qu'il arrive à rentrer dans le personnage de Mîra et à ce qu'elle ressent au plus profont de son être en tant que femme mais aussi en tant que mère. Mais je confirme que l'auteur est bien un homme et il a pû poser à chaque fois le décor à tel point que l'on pourrait s'y imaginer en tant que témoin.
J'avoue que j'avais un peu de mal à accrocher au début du livre, mais au fil des pages ce roman m'a de plus en plus donné envie de connaître la suite de cette histoire et surtout l'évolution de la vie de Mîra et le devenir d'Ashvin.
MOTHER INDIA
De Manil Suri
Roman traduit de l'anglais par Dominique Vitalyos
Titre original : The age of Shiva
Éditions "Le Livre de Poche"
637 pages - Prix neuf : 8 €
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