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"Black River" de Nilanjana S. Roy - Meilleur livre de l'année selon The Guardian, The Sunday Times et The Financial Times


Meilleur livre de l'année selon The Guardian, The Sunday Times et The Financial Times

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Il n'arrive pas à quitter son enfant des yeux, son petit corps qui tournoie lentement comme une de ces marionnettes en bois peintes du Rajasthan dansant au bout d'une ficelle. Le soleil tape. Il frissonne. (Page 31)


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"Black River" de Nilanjana S. Roy est un polar aussi sombre que bouleversant.


Écrit par Nilanjana S. Roy — auteure, journaliste, critique littéraire et éditrice indienne plusieurs fois récompensée — ce polar a pour fil conducteur l’horrible meurtre d’une fillette de huit ans dans un village rural.

L'histoire nous emmène dans le village (fictif) de Teetarpur, encore épargné par l’expansion tentaculaire de Delhi. C’est là que Munia, une enfant choyée par son père Chana et appréciée de tous, est retrouvée pendue à un arbre dans le champ familial. Le coupable idéal est Mansoor Khan, l’homme qui a découvert le corps, atteint de troubles mentaux ... et de confession musulmane. Pourtant, l'inspecteur Ombir Singh et son adjoint Bhim Sain, en charge de l’enquête, doutent de sa culpabilité. Face à l'opinion publique rapidement manipulée et aux ordres d'un haut fonctionnaire de la Delhi dépêché sur l'affaire à Teetarpur - la religion de Mansoor fait que celle-ci ne peut qu’emprunter une tournure communautaire - Ombir et Bhim n'ont pas d'autre choix que de s'incliner car la religion du principal suspect l'a, inévitablement, condamné. Ce qui n'empêche pas pour certains de continuer à enquêter dans l'ombre.


Cela fait des années qu'elle n'a pensé aux derniers jours passés au bord du fleuve noir qui leur a servi de refuge. Ses souvenirs étaient rangés dans un petit paquet soigneusement noué qu'elle avait poussé avec vigueur jusqu'au fond de la plus haute étagère de sa mémoire. (Page 283)

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"Black River" ne se limite pas à une enquête criminelle. Nilanjana S. Roy s’attarde aussi sur l’histoire de Chand, le père de Munia, veuf qui aurait tout sacrifié pour sa fille. Parti de son village à seize ans pour tenter sa chance à Delhi, Chand a connu la pauvreté et la dureté de la vie urbaine. Son parcours, semblable à celui de nombreux migrants venus de l’Inde rurale, enrichit le récit d’une seconde intrigue. Cette plongée dans son passé éclaire d’ailleurs le titre du roman : "Black River" faisant référence à la Yamuna, le fleuve qui traverse Delhi.

À travers ce retour en arrière, Nilanjana S. Roy peint une autre époque, celle d’une Delhi au début de son extension, où les tensions communautaires étaient moins vives. Elle met en lumière l’amitié profonde qui lia Chand à un couple de colocataires et à son employeur, tous trois musulmans, alors qu’il est hindou. Une amitié qui perdurera malgré toutes les épreuves et qui met en évidence les craintes de cette communauté.

On comprend ainsi que l’autrice a voulu donner une place centrale aux liens intercommunautaires, montrant qu’ils peuvent exister en dépit des clivages religieux. En retraçant le passé de Chand, elle illustre aussi la transformation de l’Inde : montée des tensions, pollution croissante, expansion effrénée de la capitale… autant de problématiques qui traversent le roman et lui donnent une dimension sociale et politique, au-delà de l’enquête policière.

"Black River" happe le lecteur dès le premier chapitre et qu’il est difficile de reposer avant la dernière page.


"Black River" est donc bien plus qu’un polar : c’est un récit émouvant et engagé, qui explore la douleur intime d’un père, les fractures d’un pays et les espoirs d’une société en quête de justice.


Avec le temps, Delhi se développe. Les bâtiments se rapprochent, léchant d'abord une berge puis l'autre, enserrant finalement le fleuve qui devient un ruban mou et asphyxié d'eau polluée coulant entre deux immeubles d'appartements, d'un côté un ensemble de gratte-ciel luxueux, de l'autre un groupe de maisons inachevées, non peintes et illégalement construites par des ouvriers et des migrants au fil des années. (Page 135)


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"Black River"

De Nilanjana Roy

Titre original : "The Black River"

Roman traduit de l'anglais (Inde) par Benoîte Dauvergne

Éditions de l'Aube - Collection "Aube Noire" - Date de parution : 12 septembre 2025 - ISBN : 9782815967419 - 418 pages - Prix éditeur : 21 euros


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©Véronique Schauinger pour Inde en Livres - 2020 - Màj 2025 

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