"INDE, est-ce ainsi que nos rêves vivent ? de Patrice Favaro
- Véronique Schauinger
- 26 nov.
- 3 min de lecture
À mon "Pourquoi ?", tu as répondu : "Parce qu'ici rien ne me pèse." Rien ne te pèse parce qu'autour de toi tout va au pas de course, virevolte et bondit. Contrairement au cliché souvent rabâché, le peuple d'ici n'est pas tout entier tourné vers la sérénité. Il lui court après, sans jamais la rattraper : on s'élance et, entre deux appuis au sol, on échappe à la seconde, mais ce qui fait le poids de l'existence semble plus léger. Les Dâkinî, qui dansent dans le ciel, sont chez elles en ce pays. Toi aussi. (Page 23)

Quel hommage plus beau et plus juste peut-on rendre à une personne chère qui n'est plus physiquement parmi nous ? Sans doute celui de raviver ce qui la faisait vibrer, de se tourner vers ce qui lui apportait joie, sens et élévation. L'accompagner encore une fois en Inde, à travers les mots, et reconstruire ensemble leurs souvenirs : tel est l’hommage que propose ce livre.
"INDE, est-ce ainsi que nos rêves vivent ?" est un récit intime, tissé de fragments de mémoire que partage Patrice Favaro, écrivain voyageur passionné par les arts de la scène et auteur de nombreux livres jeunesse. Ce livre est son offrande à son épouse Françoise.
Pendant vingt-cinq ans, par amour, il l’a suivie en Inde, elle qui était profondément engagée dans la cause tibétaine. Ensemble, ils ont longtemps sillonné ce pays foisonnant. À travers ces pages, il ravive des instants précieux : leurs déplacements souvent chaotiques, les rencontres lumineuses ou bouleversantes, les épreuves surmontées, les moments de grâce, puis le retour inévitable en France pour de longs mois avant de revenir en Inde. En remontant le fil de cette mémoire, il retrouve Françoise telle que l’Inde la révélait : vibrante, métamorphosée, forte, habitée d’un courage tranquille… avant que Yama, le seigneur de la mort, ne l’emporte.
Et lorsque l’on referme ce livre, une Inde brute demeure, dépouillée de tout vernis, telle qu’elle se donne réellement : vibrante, rugueuse, éclatante, traversée d’ombres et de lumière. Dans cet hommage, la présence de Françoise affleure à chaque page, comme un souffle qui accompagne encore les pas de Patrice Favaro.
Le titre prend alors tout son sens : "Est-ce ainsi que nos rêves vivent ?" — autrement dit, nos rêves vivent-ils dans l’éclat parfait que nous imaginons, ou bien dans la réalité imprévisible, parfois heurtée, qui finit par les façonner ? Ici, le rêve d’Inde ne survit pas dans l’idéal, mais dans la matière même du vécu : les rencontres, les épreuves, les émerveillements, tout ce qui fait la beauté brute d’un chemin parcouru à deux.
Ainsi, ce livre devient à la fois un adieu tendre et un souvenir vivant : un rêve qui continue de battre, non pas dans l’abstraction, mais dans la vérité du monde — et dans l’amour qui le traverse.
Chaleur et poussière. Abrasion. L’Inde finit inévitablement par m’avoir. À l’usure. Elle me dépouille, me met à nu. Qui va en Inde n’en revient jamais indemne. Et celui qui sans cesse y retourne ? J’en suis revenu chaque fois vivant, plus vivant qu’avant, jamais intact. (Page 9)
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"INDE, est-ce ainsi que nos rêves vivent ?
Patrice Favaro
Éditions Magellan & Cie - Collection : Je est ailleurs - Date de parution : octobre 2025 - ISBN : 978-2-35074-818-4 - 176 pages - Prix éditeur : 15 euros








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