Les années avaient filé si vite. C'était étrange de penser à celle qu'elle avait été alors. Comme feuilleter un vieil album de photos sépia qui feraient affleurer à la mémoire des noms qu'on avait crus oubliés. Elle y songeait chaque jour, à l'instant du réveil et avant de s'endormir. Elle n'y pouvait rien. Le souvenir était un fidèle compagnon, assis à son chevet, guettant la seconde où elle ouvrirait les yeux pour lui rappeler sa vie d'autrefois. Il la suivait où qu'elle aille, ce spectre qui attendait le moment où elle se retournerait pour le regarder ; jamais il ne la lâchait des yeux. Elle avait appris à vivre avec lui, et, avec le temps, il s'était un peu éloigné.
- Il ne faut pas. Tu as très envie de retourner en Inde. Et si c'est ce que tu veux, tu dois le faire. - Mettons que c'est pour moi une tranche de vie inachevée. Si j'avais vécu là-bas plus longtemps quand j'étais jeune, je n'y penserais sans doute plus. Mais tu sais ce qu'on dit sur l'Inde. Une fois qu'on est sous son charme, on ne peut plus jamais la quitter.
Au moment où Sophie respire la première fois la poussière de l'Inde, elle ne réalise pas encore que ce pays la métamorphosera et que sa vie sera pour toujours changée. Pourtant, elle ne sera pas la seule, l'Inde vit également un tournant avec la proclamation de son Indépendance.
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En 1947, quelques mois avant l'Indépendance de l'Inde, le Dr Schofield a été contacté pour un poste de médecin assistant auprès d'un maharaja d'un discret Etat princier en surplomb des plaines désertiques s'étendant jusqu'à un delta. Après les ravages de la Seconde Guerre Mondiale, un séjour en Inde tombe à pic, se sauver de Londres et vivre une vie quelque temps ailleurs avec son épouse et sa fille Sophie.
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Sophie est une jeune femme de 18 ans, elle ne pouvait pas rêver mieux que de vivre une expérience loin de l'Angleterre et qui plus est dans un palais de maharaja. Durant les premières semaines de leur installation, le palais faisait plutôt office d'un immense labyrinthe et rejoindre les quartiers de l'épouse du premier aide de camp, impossible. C'est grâce à l'aide de Jag, un jeune homme qui a environ son âge, que Sophie découvrit le palais, certains de ses passages et ses portes dérobées. Jha est né en ce lieu, il y a grandi et lorsqu'il était enfant il avait l'autorisation de circuler librement, ainsi il connaît chaque pierre du palais. Il n'y a pas meilleur guide. Pourtant Jha est un fils de valet, il travaille pour le maharaja en effectuant diverses tâches et durant son temps libre il étudie, raison pour laquelle il maîtrise l'anglais. Sophie et Jag devinrent très proches l'un de l'autre mais même en connaissant les endroits secrets, il est difficile pour eux de se voir, les hommes n'ayant pas à fréquenter les femmes, les femmes n'ayant pas à fréquenter les hommes, les indiens ne devant pas fréquenter les étrangers et vice-versa. Avec l'Indépendance de l'Inde, la tension au cœur du palais est palpable et le climat entre ces murs moroses, l'absence régulière du maharaja n'aidant pas à rétablir la discipline et les rumeurs vont bon train. Dix ans après être venue en Inde et quatre ans après en être partie, Sophie est de retour en Inde après quelques années à Londres. Elle est dorénavant mariée à Lucien, un diplomate qu'elle a rencontré au "Foreign Office" à Londres où elle avait un emploi de dactylo. Elle a du mal à s'adapter à sa nouvelle vie d'épouse de diplomate et n'est pas à l'aise avec les autres britanniques. Même Lucien n'est plus le même depuis leur arrivée en Inde et Sophie en souffre.
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Avec "La Promesse d'un ciel étoilé", Alison McQueen signe son septième roman. Pourtant, "La Promesse d'un ciel étoilé" n'est que son premier à être traduit et publié en français. Malgré son nom très britannique, Alison McQueen a des origines indiennes par sa mère et cette influence se ressent à travers les lignes de ce roman. Alison McQueen a posé son histoire sur deux périodes de deux ans de la vie de Sophie, le personnage principal. La première débutant quelque temps avant la l'Indépendance au début de l'année 1947 et finit donc vers la fin de l'année 1948. La seconde nous transportant dix années plus tard, débutant à Londres et se terminant en Inde ou presque. Il est très intéressant que l'auteur ait posé son roman quelque temps avant l'Indépendance de l'Inde, ainsi l'on voit la transformation des Indes Britanniques en deux pays, l'Inde d'un côté et le Pakistan de l'autre avec les ravages de la Partition. On y découvre aussi la fin d'une époque pour les maharajas imputés de nombreux de leurs privilèges. En projetant l'autre partie dix ans plus tard, on découvre ce qu'est advenu de l'Inde Indépendante et les nouveaux soucis auxquels elle doit faire face. L'on prend conscience qu'il est facile d'allumer un feu que de l'éteindre. Après dix ans d'Indépendance, les camps de réfugiés n'ont pas disparu du paysage indien, ceux qui ont fui l'autre côté se retrouvent appauvris, certains sans famille, la tension est toujours palpable, ... C'est une véritable page de l'histoire indienne que nous transmet l'auteur à travers ce livre. Généralement, l'on peut regretter que lorsqu'un auteur anglais écrit sur l'Inde, il met en avant sa vision occidentale sur ce pays, alors qu'avec Alison McQueen nous avons une double vision très intéressante et profonde. Dommage pourtant, que le lecteur aguerri peut constater certaines erreurs, de traduction sans doute car certains mots sont inadaptés dans le contexte.
Concernant les personnages, Sophie est une jeune femme ouverte sur le monde, combattante et loin d'être naïve. Elle a souffert durant son enfance car sa mère ne l'aimait pas et lui assenait des coups. Mais en contrepartie, elle a l'amour d'un père qui est prêt à tout pour son bonheur et même à lui pardonner ses écarts. Justement son père, un docteur qui a le coeur sur la main et n'hésitant pas à se sacrifier pour porter assistance à son prochain. C'est un homme ouvert, généreux, serviable, ne faisant aucune distinction entre les origines et aimant de sa fille. Jag qui apparaîtra par intermittence, est un homme mystérieux mais l'on devine très rapidement qu'il a pour Sophie un amour sincère. L'auteur a ajouté à son récit tout un panel de personnages britanniques, très souvent représentés odieux, irrespectueux, se croyant un brin supérieur et vaniteux. Heureusement en parallèle, d'autres personnages d'origine anglaise ne le sont pas. Concernant les sujets exploités, outre l'histoire de la naissance de l'Inde telle que nous la connaissons aujourd'hui. Alison McQueen a incorporé à son roman de façon sans doute impromptu différents thèmes que l'on retrouve dans beaucoup d'autres romans indiens.
"La Promesse d'un ciel étoilé" nous offre une histoire à la fois belle et triste. Belle à travers l'amour d'un père pour son enfant et prêt à tout pour la protéger, belle à travers la magnifique rencontre entre Sophie et Jag. Triste à rapport à l'amour impossible entre Sophie et Jag, triste à rapport à la relation entre Sophie et sa mère, triste car Lucien ne se révèlera pas être un homme, triste par le drame de la Partition. Même son dénouement est à la fois beau et triste. Le livre est merveilleusement écrit et très évocateur, avec ses visions qui mettent tous les sens de son lecteur en éveil, c'est une lecture à la fois réconfortante mais à l'opposé déchirante. Je ne serais pas étonnée que certains lecteurs se voient à travers le personnage de Sophie qui tombe éperdument amoureuse de ce pays.
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Selon la sagesse hindoue, nous ne sommes que le rêve d'un rêve que personne ne rêve. Nous ne sommes rien, et il vaut mieux cesser le plus vite possible de croire que l'on est quelque chose. Tout n'est qu'illusion, et plus vite cette illusion s'estompe et nous laisse revivre dans le brahman, l'absolu au-delà duquel il n'y a rien, plus vite nous échappons à cette douloureuse duperie qu'on appelle la vie.
La promesse d'un ciel étoilé
de Alison McQueen
Titre original : Under the Jeweled Sky
Traduit de l'anglais par Isabelle Chapman
Aux Editions Presses de la Cité et France Loisirs
Récompense EMBA Prize in 2014
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