"Les choses comme je les vois" de Roopa Farooki
- Véronique Schauinger
- 12 sept.
- 3 min de lecture
Long Listed for 2010 Orange Prize
Impac Dublin International Literature Award en 2011,
Je m'appelle Yasmine Murphy et même si je comprends les mots qu'ils prononcent, j'ai parfois du mal à saisir ce que les gens veulent dire. C'est ce qu'on appelle "l'implicite". Ou encore, ce qu'il faut lire entre les lignes. Ce sont les choses qui ne sont pas explicitement prononcées et qu'il faut par conséquent deviner, mais qui restent néanmoins évidentes car les autres arrivent apparement à les entendre sans problème. (Page 129)

Peu de romans abordent le sujet des handicaps et encore moins celui des handicaps invisibles.
Dans "Les choses comme je le vois", l’autrice britannique d’origine pakistanaise Roopa Farooki, à qui l’on doit de remarquables romans, met en lumière l’autisme à travers le personnage de Yasmine, 19 ans. Dans ce roman, touchant, celle qui a fait des études de philosophie, de politique et d'économie à Oxford, y explore aussi les répercussions sur son entourage, notamment à travers Asif, son frère aîné, qui a dû assumer la responsabilité de sa cadette après la mort de leur mère et à travers sa soeur, Lila, rancunière, au comportement autodestructeur. Roopa Farooki y aborde également le sujet de la surdicécité à travers, notamment, un personnage qui rentrera dans la vie d'un des membres de cette fratrie.

L'histoire
Yasmine ne perçoit pas le monde comme les autres. Diagnostiquée avec le syndrome d’Asperger à six ans – une forme d’autisme sans déficit intellectuel ni retard de langage – elle aborde chaque situation avec une logique et une sensibilité différentes de celles de son frère Asif ou de sa sœur Lila.
Depuis la naissance de Yasmine, la vie d'Asif et d'Asif a été bouleversée : d’abord par l’attention que ses parents portaient à ce bébé jugé fragile, puis par la disparition de leur père en mission de maintien de la paix, et enfin par le décès brutal de leur mère.
À 23 ans, Asif est comptable à Londres, après avoir arrêté ses études à Cambridge. Il continue de vivre dans la maison familiale, à Finchley, avec Yasmine, dont il prend soin au quotidien. Lila, quant à elle, a préféré s’installer seule dans un appartement chaotique, reflet de ses tourments intérieurs. Passionnée d’art, elle survit grâce à des petits boulots, enchaîne les relations instables et dissimule ses blessures et ses automutilations avec des produits cosmétiques.
Un jour, une société de production propose de réaliser un documentaire sur Yasmine. Bien que peu à l’aise avec le changement, la jeune femme accepte d’être suivie par une équipe de tournage. Asif s’en réjouit, persuadé que cela pourrait l’aider à s’épanouir, mais Lila s’y oppose violemment. Elle accepte toutefois de rencontrer le réalisateur afin de lui exprimer sans détour son désaccord.
Le temps du changement est venu pour les trois membres de la fratrie Murphy. Les accepteront-ils ? À quel prix ?
Je m'appelle Yasmine Murphy et lorsque quelque chose me tracasse, un Changement, par exemple, même un changement prévu auquel je suis préparée, je trouve du réconfort dans la répétition. e m'appelle Yasmine Murphy et lorsque quelque chose me tracasse, un Changement, par exemple, même un changement prévu auquel je suis préparée, je trouve du réconfort dans la répétition. Parce que la répétition est le contraire du changement. (Page 227)

Un roman à trois voix
"Les choses comme je le vois" alterne les points de vue des trois frère et sœurs, dévoilant tour à tour leur quotidien, leurs pensées les plus intimes et leurs frustrations. Malgré les différends, les rancunes et les blessures, cette fratrie reste soudée face aux épreuves.
Ce roman sensible et touchant dresse le portrait de personnages profondément humains et attachants. Roopa Farooki y signe une belle leçon d’humanité, de résilience et d’amour fraternel. "Les choses comme je le vois" est un roman d'une réelle beauté.
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"Les choses comme je les vois"
De Roopa Farooki
Titre original : "The way things look to me"
Traduit de l'anglais par Jérémy Oriol
Éditions Gaïa - Date de parution : 13 mai 2013 - ISBN : 978-2847203172 - 318 pages - Prix éditeur : 22 euros
Éditions Actes Sud - Collection : Babel - Date de parution : novembre 2015 - ISBN : 978-2-330-05667-4 - 384 pages - Prix éditeur : 9,20 euros








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