Tu as déchiffré les notes du monde des plantes, lu les partitions des minéraux, composé le chant de l'histoire naturelle. Tu as voyagé allegro à travers le monde et trouvé l'accord parfait entre science et littérature. Aucun bémol à ton parcours. Ta vie a été un grand opéra, lyrique, romantique, passionné et tragique. (Page 15)

Victor Jacquemot est peut-être un nom qui ne vous dit pas grand chose et pourtant, en pleine âge d'or des explorations botaniques, il a parcouru l'Inde de l'Est à l'Ouest, à pied et à cheval, collectant des espèces végétales et animales, des roches. En héritage, il a laissé les récits de ses aventures en terre indienne et matière à étudier pour de nombreux scientifiques.
Cet homme extraordinaire, ami des plus grands esprits de son époque, comme par exemple Stendhal et Mérimée, était d'abord destiné à être médecin mais il a préféré être naturaliste et géologue.
Missionné par le Muséum national d'Histoire naturelle de Paris, il a effectué un long voyage avant d'embarquer en Inde. Parti de Brest, le navire qui l'emmena en Inde a longé l'Amérique avant de rejoindre l'Afrique du Sud puis l'île Bourbon. Il fallut encore quarante-quatre jours de navigation pour rejoindre Pondichéry avant de débarquer à Calcutta le 5 mai 1829. Parti de cette ville du nord-est de l'Inde, avec une petite escorte, il a remonté le Gange, fait escale à Bénarès, fait un détour à Agra avant de remonter via Dehra Dun à Mussoorie. Il a ensuite rejoint l'Etat actuel de l'Himachal Pradesh, "Etat des montagnes enneigées" et sa capitale, Shimla, la porte d'entrée de l'Himalaya avant de s'aventurer jusqu'à la frontière avec la Chine. Après une pause à Delhi, il est allé rencontré le maharaja Ranjit Sing à Lahore, découvert le Cachemire puis il s'est rendu une nouvelle fois à Amrtisar avant de retrouver Delhi, le Rajasthan, Pune et Bombay où il poussa son dernier souffle à l’âge de 31 ans en 1832. . Victor Jacquemont, celui qui deviendra le plus grand écrivain-voyageur du XIXe siècle a préféré prendre la route que de côtoyer les bourgeois dans les beaux salons parisiens ou vivre aux côtés des anglais en Inde.

Le récit de voyage aventuresque de Victor Jacquemont en Inde a de quoi inspirer et faire rêver, malgré sa fin tragique. Katia Astafieff, passionnée de plantes, de voyage et d’écriture a voulu rendre hommage à cet homme hors pair, en se rendant à son tour en Inde, deux cents ans après le séjour de Victor Jacquemont.
Après avoir suivi les pas du naturaliste et géologue français en 2023, parfois dans des conditions extrêmes et dans des villes reculées comme en Himachal Pradesh, Katia Astafieff a décidé de partager ses pérégrinations et celle de Victor dans "Par le chemin des Indes".
“Par les chemins des Indes” est une lecture qui vous transporte en Inde, des mêmes lieux mais deux époques totalement différentes pourtant éloignées que de deux cents ans. “Par les chemins des Indes” est un ensemble de deux récits chorals, celui d'un botaniste géologue, curieux de la nature et du monde, qui découvre des espèces inconnues, des paysages sauvages et qui rencontre des indiens de toutes castes et de toutes origines et celui d'une femme passionnée qui n’hésite pas à voyager seule en Inde pour suivre l’ombre d’un homme. Une très belle et prenante lecture comme l'on ne peut qu'adorer.
Lire "Par les chemin des Inde", c'est retrouver l’Inde, la redécouvrir mais c'est avant tout, comme l'a fait Katia Astafieff, marcher dans les pas d’un homme qui a laissé un bel héritage. Pour en témoigner, il suffit de lire en fin d'ouvrage, les espèces de plantes nommées en hommage à Victor Jacquemont et la biographie.

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Par les chemins des Indes
Sur les traces du botaniste français qui aurait pu devenir vice-roi du Cachemire.
Katia Astafieff
Editions Paulsen - Date de parution : 13 mars 2025 - ISBN : 978237502-4393 - 256 pages - Prix éditeur : 21 euros

A propos de Victor Jacquemont
Victor Jacquemont de son nom de naissance Venceslas Victor Jacquemont est né à Paris le 8 août 1801 et décédé à Bombay le 7 décembre 1832 à l'âge de 31 ans. Il est un naturaliste et explorateur français. Ami mais rival amoureux de Stendhal, il s'embarque pour l'Amérique pour combattre son désespoir. Il obtient en 1828 la permission de la Compagnie des Indes pour se rendre dans les Indes, sous les auspices du Muséum, afin d'en étudier la géologie et la botanique. Il étudie en particulier la géologie de l'Himalaya et du Tibet. Il rassemble des collections importantes (qu'il expédie, peu avant sa mort, en France au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Sa correspondance fut vite connue et remarquée au XIXe siècle (publiée d'abord en 1833 -notre édition-, puis complétée en 1867, avec une préface de Prosper Mérimée). Durant l'été 1833, des caisses contenant 5 800 pièces d’herbier, un catalogue avec une description précise de nombreux échantillons de roches, des animaux naturalisés parviennent au Muséum. Ses amis comme Adrien de Jussieu et surtout Prosper Mérimée qui débute en politique et dans le journalisme, s'évertuent à faire connaître son travail. Fidèle à la mémoire de son ami, Prosper Mérimée édite son journal de bord et ses correspondances avec sa famille et ses amis. L'herbier de Victor Jacquemont est intégré à celui de Desfontaines. Ses très riches collections sont étudiées par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1805-1861), Henri Milne-Edwards (1800-1885), Émile Blanchard (1819-1900), Achille Valenciennes (1794-1865), Jacques Cambessèdes (1799-1863) et Joseph Decaisne (1807-1882). Ces naturalistes lui dédient plusieurs espèces comme les plantes Betula jacquemontii, Corylus jacquemontii, Prunus jacquemontii ainsi que l'arisème Arisaema jacquemontii.En 1881, La France décide le rapatriement des restes de Victor Jacquemont. Il est exhumé de Bombay et inhumé dans une crypte, dans un des escaliers de la galerie de Zoologie du Muséum national d'histoire naturelle à Paris (maintenant grande galerie de l'Évolution).
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